Strathmill

D I S T I L L E R I E S R É P U T É E S
Faisons connaissance avec les distilleries les plus réputées,
Suivons le Stills Tour avec Gilbert Delos

Où ?

Dans le Speyside, non loin de la ville de Keith. Appelée d’abord Glenisla-Glenlivet, elle a pris le nom de Strathmill quelques années plus tard après un changement de propriétaire ; il signifie le « moulin de la vallée peu profonde ». Sa localisation en bas d’une route qui longe la rivière Isla traduit bien la grande discrétion qui a toujours entouré cette distillerie.

Quand ?

Sur le site se trouvait un moulin à céréales remontant au moins à 1823, créé par un certain Johnestone, et dont quelques parties sont toujours existantes. La transformation en distillerie le malt date de 1891, lors d’une période de grande prospérité pour les malts écossais qui vit la construction d’une trentaine de  distilleries en moins de dix ans. En 1895, la société Gilbey, qui produisait surtout du gin, rachète la distillerie et lui donne son nom actuel.

Vouée quasi uniquement à la production de malts pour les blenders, Strathmill ne fera jamais beaucoup parler d’elle. Sa capacité sera simplement doublée en 1968, avec la mise en service d’une seconde paire d’alambics. Ils sont toutefois équipés de purificateurs, afi n de produire un malt plus léger, notamment pour le blend J&B. Toutefois, Diageo envisagerait des travaux importants sur cette distillerie dans un avenir proche, pour la moderniser et la mettre aux normes environnementales actuelles.

Qui ?

Gilbey reste le propriétaire de Strathmill (ainsi que des distilleries Knockando et Glen Spey) jusqu’en 1962, date de sa fusion avec United Wine Traders (un groupe qui possédait notamment le blend J&B) pour former le groupe IDV (International Distillers & Vintners). En 1972, IDV est acheté par Watney Mann, qui lui-même devient propriété de Grand Metropolitan la même année. En 1997, Guinness et Grand Metropolitan fusionnent pour donner naissance à Diageo, qui est depuis le propriétaire de Strathmill.

Comment ?

Alimentée par l’eau de la rivière Isla toute proche, la distillerie est équipée d’une cuve de brassage d’une capacité de 9,1 tonnes et de six fermenteurs en inox. Pour la distillation, fonctionnent deux paires d’alambics, avec une particularité assez rare en Ecosse, car les spirit stills sont munis de purificateurs, un équipement situé entre le col de cygne et le condenseur qui ne laisse passer que les alcools les plus légers, les autres étant refoulés dans la cuve de distillation. Ce qui donne des malts plus légers en arômes, convenant mieux au blend J&B.

Travaillant 5 jours par semaine, la distillerie peut produire jusqu’à deux millions de litres d’alcool pur par an. Y sont pratiqués deux types de fermentation, l’une de 65 heures et l’autre de 120 heures. L’alcool produit est envoyé par citernes à la distillerie Auchroisk (située à proximité) pour y être mis en fût, et seule une partie des fûts revient à Strathmill pour le vieillissement dans les sept chais qui s’y trouvent.

Quoi ?

Vouée uniquement à la production de malts pour les blends (surtout J&B et Dunhill), Strathmill n’a commercialisé sont premier single malt qu’en 2001, un 12 ans d’âge dans la gamme Flora & Fauna de Diageo. Il aurait existé toutefois, selon certaines sources, un single malt en 1909… mais personne n’a retrouvé de notes de dégustation le concernant. Plus récemment, un single malt Strathmill a été commercialisé en 1993 par Oddbins.

Depuis, ont été également mis sur le marché un embouteillage provenant d’un fût unique en 2010, et un 25 ans d’âge en 2014.

Même chez les embouteilleurs indépendants, Strathmill est assez rare. Mais, au Clan, nous avons eu le privilège d’en déguster deux, dont voici les notes de dégustation, car elles sont déjà bien anciennes, datant respectivement de mai 2005 et juin 2013 :

– Le 43° de 1994. Couleur doré soutenu. Nez fruité et malté, onctueux et puissant. Vif et plein malgré la réduction, il étonne par ses notes cacao amer, ses arômes de fruits cuits (pruneau) et son boisé (santal), avec la vanille en arrière-plan. Finale épicée, presque astringente pour ce Speyside fortement typé.

– Le 55° de 21 ans d’âge, provenant de l’embouteilleur Duncan Taylor. Ambré soutenu. Nez puissant, vieux cuir, caramel. Très chaleureux à l’attaque, Il se développe sur les fruits cuits, la tarte Tatin, le bois de santal, accompagnés par le poivre noir et un peu de gingembre. Bien puissant et vigoureux pour son âge, il devient plus âpre et tannique sur la finale. Mais le fruité reste sensible dans la persistance.

Les distilleries de A à Z