Jura

Où ?

Située au nord d’Islay, l’île est difficile d’accès, puisque desservie uniquement par un petit ferry. L’unique route, située à l’est, ne relie que quelques maisons et finit dans un désert caillouteux. L’essentiel de Jura est désert, avec seulement des hardes de cerfs sauvages (“jura” veut dire cerf en gaélique), bien plus nombreux que les êtres humains (environ 200 actuellement). Peu fréquentée, l’île est toutefois célèbre pour avoir hébergé l’écrivain George Orwell, qui y a rédigé l’essentiel de son roman d’anticipation “1984”. L’île est dominée par deux sommets jumeaux, les Paps, visibles de fort loin.

 

Quand ?

L’isolement de l’île suffit à croire les légendes estimant qu’on y a distillé de l’eau-de-vie dès le 16ème siècle. De source authentifiée, une distillerie a été construite en 1810, et la première licence de distillateur fut accordée en 1831. Au cours de son histoire, elle a été appelée Caol’nan Eilean, Craighouse, Small Isles et Lagg. Mais elle fut démantelée en 1910, et même les toits enlevés en 1920, afin de ne plus payer d’impôts locaux !

Afin de repeupler l’île, une distillerie moderne a été reconstruite en 1963 par Scottish & Newcastle Breweries, sur les plans de l’architecte William Delmé-Evans, déjà auteur des distilleries de Glenallachie et Tullibardine.

 

Qui ?

Le premier propriétaire connu de Jura, William Abercrombie, qui obtint sa licence en 1831, a été suivi de plusieurs autres au cours du 19ème siècle. Les Ferguson finirent par déménager les équipements en 1910, estimant les taxes infligées par Archibald Campbell, le seigneur de l’île, par trop exagérées. Malgré l’absence d’activité, le seigneur continua à leur réclamer des impôts, et les Ferguson finirent par enlever toute la toiture, la législation locale exonérant de taxes les constructions sans toits…

De nos jours, Jura appartient au groupe Whyte & Mackay, qui possède également Dalmore et Fettercain, et qui est entré en 2007 dans le giron d’United Spirits.

 

Comment ?

Avec une capacité doublée en 1978 (quatre alambics particulièrement ventrus), la distillerie a une capacité de production de 2,2 millions de litres, dans des conditions de production assez ardues, puisque tout doit être importé (sauf l’eau, d’une grande pureté)… et exporté, par le petit ferry qui relie l’île à Port Askaig, sur Islay. La traversée ne dure que quelques minutes, mais les courants marins du Sound of Islay sont puissants et même dangereux.

 

Quoi ?

Si, au 19ème siècle, Jura avait la réputation d’élaborer des malts puissants et bien tourbés, le style délibérément choisi pour sa renaissance en 1963 a été tout autre : léger, floral, faisant penser souvent à un Lowlands, surtout dans la version standard 10 ans d’âge, longtemps la seule commercialisée. Le tout sans doute pour se différencier de la vigueur des malts d’Islay.

Toutefois, la découverte de bruts de fûts a permis de se rendre compte que Jura pouvait avoir bien plus de caractère et d’originalité que sa version habituelle. Une finition en fût de chenin (cépage blanc de Loire) atteignait même des sommets d’harmonie et d’élégance.

Plus récemment, Jura a renoué avec ses origines en commercialisant l’étonnant Superstition, un malt à 45° sans indication d’âge, remarquablement tourbé et d’un fumé d’une grande élégance. Quant au Legacy, il marie le 10 ans d’âge avec un whisky vieilli en fûts de xérès, qui lui apporte de belles notes fruitées. Ont suivi depuis, toujours sur le mode tourbé, le Prophecy et des millésimés baptisés Paps of Jura.

Aussi, les embouteillages de Jura, surtout les non-réduits, ne laissent jamais indifférents les amateurs, même les plus exigeants.

Les distilleries de A à Z