Ardmore

Faisons connaissance avec les distilleries les plus réputées,
Suivons le Stills Tour par Gilbert DELOS

Où ?

Dans une vallée reculée des Highlands de l’Est, entre Aberdeen et le Speyside. Située au pied des monts Grampians, la région est toujours très rurale, avec de nombreuses sources, dont plusieurs alimentent la distillerie en eau de bonne qualité. En gaélique, son nom peut se traduire par “grand promontoire“.

Quand ?

L91.1Ardmore a été fondée en 1898 par Adam Teacher, fils de William qui, dès 1863, avait lancé un des premiers blends écossais, sous le nom “Teacher’s Highland Cream“ qui n’a été toutefois déposé qu’en 1894. Par la suite, la distillerie, destinée essentiellement à l’élaboration de blends, a connu une expansion continue, les alambics passant de 2 à 4 en 1955, puis à 8 en 1974. Le maltage, utilisant le dispositif Saladin, a été arrêté en 1976. Mais ce n’est qu’en 2002 que le chauffage à feu nu des alambics, utilisant le charbon, a été remplacé au profit d’un système à vapeur. Ce fut l’une des dernières distilleries d’Ecosse à abandonner ce procédé traditionnel.

Qui ?

Orphelin de père peu après sa naissance, William Teacher a dû travailler dès l’âge de 7 ans dans une filature. A 19 ans, il est employé dans une petite épicerie de Glasgow dont il devient propriétaire après avoir épousé la fille de son patron. Il développe l’affaire en se procurant une licence de vins et spiritueux. Dans les années 1850, il est à la tête de plusieurs magasins, et possède le plus grand nombre de pubs de la ville. Ses fils Adam et William le rejoignent et lancent leur blend. La création de la distillerie Ardmore correspond à la période du grand boom du whisky écossais dans la dernière décennie du 19e siècle. Jusqu’en 1972, Ardmore comme la société Teacher’s restent sous le contrôle des descendants du fondateur, jusqu’à leur vente au groupe Allied Breweries, qui deviendra Allied Domecq par la suite. Puis ils font partie du rachat des marques de vins et de spiritueux du groupe par l’américain Jim Beam… qui vient lui-même de fusionner avec le japonais Suntory !

Comment ?

Avec une production assez automatisée, 14 fermenteurs en pin de Douglas et 4 paires d’alambics, Ardmore est l’une des plus importantes distilleries des  Highlands, réalisant 25 brassins par semaine pour une capacité totale de 5,4 millions de litres d’alcool pur par an. 10e blend écossais dans le classement mondial des ventes avec 26 millions de bouteilles, Teacher’s
est surtout distribué au Royaume-Uni, en Inde et au Brésil, mais est beaucoup plus discret en France. A la différence de bien des distilleries de la région (même si certaines le font  occasionnellement), Ardmore a toujours utilisé un malt assez tourbé (12-14 ppm) pour donner plus de corps au blend.

Quoi ?

Longtemps, il n’y a pas eu d’embouteillage officiel d’ Ardmore, et le malt était même rare chez les embouteilleurs indépendants. Ce n’est qu’en 2007, qu’a été lancé le premier malt de la distillerie, baptisé Traditional.
Il n’a pas d’âge précis, mais serait assez jeune, dans un assemblage comprenant des malts de fûts de bourbon entre 6 et 13 ans. Il possède une particularité assez rare : une fois réalisé, l’assemblage final est transféré dans de petits fûts, les quarter casks (127 litre) popularisés par Laphroaig, pour une année supplémentaire de maturation. Il existe un autre malt issu des alambics d’ Ardmore, appelé Ardlair. Elaboré avec des malts non tourbés, il est destiné aux blenders, et n’est pas commercialisé officiellement.

Ardmore est l’une des plus
importantes distilleries des
Highlands, réalisant 25 brassins par semaine.

Deux autres versions limitées ont été commercialisées officiellement plus récemment, un 25 ans pour le marché britannique et les duty free, et un 30 ans pour les Etats-Unis.
On trouve maintenant plus facilement des versions d’Ardmore chez les embouteilleurs indépendants Gordon & MacPhail, Signatory et Douglas Laing surtout.
L91 ardmorePour le Clan, j’ai pu déguster quatre Ardmore, surtout avec des finitions spéciales (xérès, vin rouge de Château Palmer, manzanilla) assez réussies qui donnaient plus de richesse aromatique à la puissance base maltée tourbée de l’Ardmore originel. Un cinquième, avec finition en fût de rhum St Etienne, figure dans cette sélection n° 91.
Lors du voyage du Clan au printemps dernier, les participants ont visité cette distillerie encore peu fréquentée. Et surtout, ils ont dégusté quelques raretés, car rien ne vaut de tels voyages pour faire des découvertes…
L91.3 ADMORE ALAMBICSAprès un 13 ans à 58°, correctement marqué par la tourbe, la surprise a été un 58° vieilli plusieurs années en fût de porto. Très fruité et miellé, de consistance crémeuse, il ne présentait pas du tout de caractère vineux.

Le bonheur a résidé dans un 33 ans, titrant 52°. A l’attaque, il s’est présenté de façon “gentille“, surtout moelleux et onctueux, avec une pointe tourbée. Puis il a développé une puissance plus marquée, avec des notes miellées, anisées et mentholées d’une grande générosité. Mais son caractère est resté sec, avec une formidable longueur en persistance aromatique.

Les distilleries de A à Z