Old Pulteney

Où ?

Si on excepte celles des Orcades, c’est la distillerie la plus septentrionale d’Ecosse, située à Wick, sur la côte est. Pulteney, la partie la plus ancienne de la ville, porte le nom du baron Sir William Pulteney, son fondateur, qui créa un port “moderne” en 1811. L’essor de la ville et surtout de son port reposait alors sur la pêche au hareng. Vers 1840, on comptait plus de mille bateaux de pêche dans le port ! L’activité demeura importante jusqu’à la 1ère Guerre mondiale, mais l’Amirauté réquisitionna les bateaux… qui ne revinrent jamais à Wick. La ville et son port tombèrent alors dans une léthargie… qui n’a guère cessé depuis.

Quand ?

Jusque là distillateur clandestin, James Henderson ouvre en 1826 la distillerie de Pulteney, profitant du boom économique de Wick. Le hareng donne sans doute soif, en tout cas, les marins sont nombreux en ville et apprécient beaucoup le malt d’Henderson, certainement très tourbé à l’époque, car c’était le seul combustible disponible.

Qui ?

Les descendants d’Henderson en restent propriétaires jusqu’en 1920, puis, après quelques péripéties, la distillerie est absorbée par DCL… avant d’être mise en sommeil de 1930 à 1951. Outre le marasme économique suite à l’abandon de la pêche au hareng, Wick fut l’une des 57 villes d’Ecosse à interdire la vente d’alcool dès 1922, et jusqu’en 1939. Robert Cumming, déjà propriétaire de Balblair, rouvre la distillerie en 1951, mais, ayant des difficultés financières, doit tout revendre en 1959 à Hiram Walker, qui réalise une modernisation complète des installations. Enfin, en 1995, Old Pulteney est rachetée par Inver House, ainsi que Balblair d’ailleurs, essentiellement pour l’élaboration de ses blends.

Comment ?

Située dans un faubourg et peu accessible, la distillerie ne paie pas de mine, malgré sa rénovation et sa capacité de production d’1,8 million de litres d’alcool par an. Toutes les descriptions qui en ont été faites soulignent son caractère “particulier” voire “étrange”, notamment du fait de la grande taille des alambics dans un bâtiment qui paraît trop petit pour eux. Le wash still, notamment, se termine par un bulbe tellement gros qu’on l’a qualifié de goitre. Et le cheminement du col de cygne est particulièrement alambiqué et coudé, avant de rejoindre le refroidisseur situé à l’extérieur de la salle.

Par ailleurs, l’utilisation de fûts de xérès pour le vieillissement constitue un secret bien gardé : même si le malt est surnommé la “manzanilla du Nord”, l’utilisation de tels fûts n’est pas toujours évidente, même si elle se laisse deviner à la dégustation.

Quoi ?

Longtemps méconnus, car utilisés essentiellement pour les blends, les malts Old Pulteney sont pourtant passionnants à déguster, tant leur richesse aromatique est étonnante. On y retrouve en effet la tourbe, par pincée ou par pelletée selon les embouteillages, mais aussi les céréales, mais aussi le xérès, parfois utilisé (à petite dose…) pour certains assemblages. Et n’oublions pas la mer, omniprésente y compris dans le verre, avec des accents salins et iodés d’une rare puissance.

Les plus fumés ont même parfois passé (lors de dégustation à l’aveugle) pour être originaires d’Islay, du fait de  cette alliance si remarquable de la mer et de la tourbe. Encore qu’ici, le fumé n’est jamais dominateur, et s’accompagne toujours de belles notes fruitées.

Trois embouteillages officiels ont été longtemps disponibles, permettant de se faire une bonne idée :

– Le 12 ans à 40°, gras, dense, puissant et très riche sur le plan aromatique, d’un excellent rapport qualité/prix.

– Le 17 ans à 46°, qui mêle très harmonieusement le fruité, la vanille et le boisé, avec de légères notes fumées en arrière-plan.

– Le 21 ans à 46% qui a remplacé le 18 ans d’autrefois, où l’utilisation partielle de fûts de xérès apporte une belle richesse aromatique.

Les ont rejoints depuis un 30 ans à 44°, et le WK499 – Isabella Fortuna, à 52°, qui porte le nom de l’un des derniers bateaux de pêche au hareng qui existe encore aujourd’hui au musée de Wick.

D’autres versions, assez rares tout de même, existent chez les embouteilleurs indépendants, dont Cadenhead’s.

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