Highland Park

Où ?

Dans les îles Orcades (Orkneys en anglais), c’est la distillerie la plus septentrionale de toute l’Ecosse… battant de moins d’un kilomètre sa voisine Scapa. Elle domine le bourg de Kirkwall, le chef lieu des Orcades, et son portail de fer forgé doré comme la solide puissance de ses bâtiments actuels semblent un peu incongrus dans cette lande assez inhospitalière. Dans cette région dépourvue d’arbres comme de relief, le vent est permanent, dépassant régulièrement les 120 km/h, à tel point que, selon le dicton local, “lorsque le vent s’arrête, tout le monde tombe par terre”.

Quand ?

La distillerie a été fondée en 1798 par Magnus Eunson, qui faisait partie du conseil des anciens de l’Eglise locale. Avant d’obtenir sa licence en 1825, Eunson était réputé pour multiplier les ruses afin d’échapper aux agents des impôts, allant jusqu’à cacher son whisky illicite dans la chaire de l’église, avec l’aide d’un de ses parents.

Rapidement, le malt allait bénéficier d’une grande renommée. Servi en 1883 au tsar de Russie et au roi du Danemark, lors d’une brillante réception à Copenhague, ceux-ci le “déclarèrent le meilleur qu’ils eussent jamais goûté”.

Qui ?

En 1888, James Grant (dont le père dirigeait la distillerie de Glenlivet) a fait l’acquisition d’Highland Park. En 1937, elle est revendue au groupe Highland Distillers, mais les descendants de James Grant ont continué à en assurer la direction effective. En 1999, Highland Distillers devient la propriété d’Edrington Group.

Comment ?

Plusieurs traits spécifiques caractérisent la production d’Highland Park :

– l’eau très minéralisée et bien tourbée (en provenance d’une source appelée Hobbister Moor) jaillit avec une telle puissance, ne cadrant pas avec le relief très plat des Orcades, que certains ont émis l’hypothèse qu’il s’agirait en fait d’une résurgence des eaux des monts d’Ecosse, situés à plusieurs dizaines de kilomètres de là. Mais aucune preuve n’a été apportée en confirmation de cette théorie.

– une bonne partie du maltage est effectuée sur place, sur des aires appartenant à la distillerie. Il se caractérise par l’emploi d’une tourbe plutôt jeune, riche en végétaux. En outre, de la bruyère séchée est ajoutée à la tourbe lors du touraillage (séchage du malt). Cette orge maltée produite sur place représente 20 % de la totalité du malt servant à la distillation, de manière à obtenir une teneur en phénols d’environ 20 ppm.

– la distillation est opérée dans deux paires d’alambics, chauffés à la tourbe, et de capacité identique, ce qui est rare en Ecosse.

– le vieillissement est réalisé, totalement ou partiellement, dans des fûts de xérès. La distillerie compte actuellement 23 chais différents, regroupant environ 45 000 fûts !

Quoi ?

Bien que très apprécié des blenders, qui considèrent que ce malt joue un rôle de véritable catalyseur d’arômes dans leurs assemblages, Highland Park a commercialisé dès les années 70 un single malt de 12 ans d’âge, dans une bouteille spécifique d’une belle sobriété. Cet embouteillage constitue encore aujourd’hui un des single malts les plus vendus dans le monde.

Puis ont été commercialisées d’autres références, comme le 18 ans (à 43°), le 25 ans (à 53,5 %), le 1977 (pour le bicentenaire de la distillerie) et même un 35 ans d’âge brut de fût à 44 ° ! Ces dernières années, Highland Park commercialise régulièrement des séries limitées d’un grand intérêt : Ambassador’s Cask, Rebus 20, Earl Magnus, Saint Magnus, Leif Eriksson, Earl Haakon… qui rappellent le caractère nordique de la région.

Par ailleurs, il existe de nombreuses versions très intéressantes d’Highland Park chez les embouteilleurs indépendants.

Selon l’heureuse formule de Michaël Jackson, Highland Park est “l’athlète complet du monde du whisky”. Il est vrai qu’avec sa dominante tourbée, sa rondeur maltée, son caractère sec et ses notes parfois iodées, il représente un panorama très riche et exhaustif des arômes que l’on peut attendre d’un grand single malt, allant jusqu’à une très longue finale qui ne s’oublie pas.

Sa complexité et son haut niveau qualitatif sont reconnus depuis longtemps, et plus que jamais de nos jours.

Les distilleries de A à Z