Auchroisk

Faisons connaissance avec les distilleries les plus réputées, Suivons le Stills Tour …
Par Gilbert Delos

Où ?

A Mulben dans le Speyside, non loin de Keith où se trouvent notamment Strathisla et Strathmill. Cette localisation résulte de la découverte – fortuite dit-on – d’une source, le Dorie’s Well, dont l’eau fut jugée apte à la distillation. Se prononçant Auth-rusk, le nom signifie “petit gué de la rivière rouge“, comme quoi le gaélique est une langue particulièrement compacte. Il n’y a pas de centre de visite.

Quand ?

C’est en 1972 que la société Justerini & Brooks a commencé à construire cette importante distillerie, afin de répondre à ses besoins croissants en malt pour son blend  J&B. De facture moderne, son architecture a valu plusieurs récompenses à ses auteurs. La mise en service définitive date de 1974.

Qui ?

A peine la construction d’Auchroisk avait-elle débuté que ses propriétaires, Justerini & Brooks et Gilbey (associés dans le groupe IDV) étaient rachetés par la brasserie Watney Mann. Laquelle, quelques mois après, fusionnait avec Grand Metropolitan. La concentration ne s’est pas arrêtée là, puisque, en 1997, Grand Metropolitan se mariait avec Guinness pour former Diageo, actuel leader mondial du whisky et des spiritueux.

Comment ?

Très classiquement, la distillerie est équipée d’une importante cuve de brassage, de huit fermenteurs en inox et de quatre paires d’alambics. A noter que les fermenteurs sont équipés d’un système peu courant pour empêcher le débordement des cuves, un produit chimique étant injecté dans la mousse lorsqu’elle atteint un niveau trop important. L’ensemble permet d’atteindre une capacité de production de près de 6 millions de litres par an. Mais le site d’Auchroisk abrite également de vastes chais de vieillissement utilisés non seulement pour le single malt de la distillerie, mais pour ceux d’autres distilleries de Diageo, voire de blends. Au nombre de dix, ils ont une capacité de 250 000 fûts, et il est même prévu de doubler leur nombre dans les années à venir.

Quoi ?

Conçue au départ pour élaborer le blend  J&B, où va toujours l’essentiel de sa production, Auchroisk a toutefois rapidement embouteillé son single malt, en raison de ses qualités. Le premier lancement remonte à 1986 (12 ans), mais sous le nom Singleton, celui de la distillerie étant jugé imprononçable par les non-Ecossais. En 2011, changement de stratégie marketing : Auchroisk revient en gros sur l’étiquette, comme s’il était devenu accessible pour les non-gaéliques ! Mais il faut dire que Diageo avait d’autres projets pour Singleton, devenue une marque à part entière… mais pour plusieurs single malts différents : Glendullan pour les Etats-Unis, Dufftown pour l’Europe et Glen Ord pour l’Europe.

Reste que, Auchroisk est un malt peu connu et peu répandu. L’embouteillage officiel est un dix ans dans la gamme Flora & Fauna de Diageo, avec plus récemment un 20 ans et un 30 ans, ainsi qu’un 28 ans de 1974 (année de la mise en service de la distillerie). Même rareté chez les embouteilleurs indépendants.

Pour l’anecdote, certains dégustateurs affirment que le style du malt varie selon les années, pouvant être parfois plutôt huileux (noix), et parfois davantage herbacé et sec. Ces différences ne se font guère sentir, on s’en doute, dans les blends auxquels il est essentiellement destiné, et répondent surtout à des impératifs de production. Car un malt huileux demande moins de temps de fermentation, ce qui permet d’augmenter les volumes …

Les adhérents du Clan ont eu, au fil des années, la chance de déguster plusieurs déclinaisons d’Auchroisk, principalement avec un caractère sec, mais parfois davantage fruité, voire biscuité dans une version brut de fût de 15 ans d’âge. Certaines versions connaissent des finitions, comme la dernière en date chez Chieftain’s avec utilisation d’un fût de porto.

Les distilleries de A à Z