Laphroaig

Où ?

La distillerie de Laphroaig (on prononce “Lafrog”, ce qui signifie “le joli creux dans la grande baie”) est située sur l’île d’Islay, à l’ouest de l’Ecosse, et plus particulièrement sur sa côte sud, au bord de la mer face à l’Irlande, aux côtés des distilleries Ardberg et Lagavulin. Une région qui a compté de nombreuses distilleries artisanales, compte tenu des facilités d’approvisionnement par la mer. Le centre de visite est l’un des plus complets qui soit, dans un style écossais traditionnel, mais proposant de nombreuses activités comme aller puiser de l’eau à la source, découper de la tourbe ou retourner l’orge germé sur une aire de maltage. A chaque épreuve remplie, le visiteur est récompensé par un dram !

Quand ?

Si les propriétaires revendiquent la date de 1815 comme fondation, les documents historiques indiquent plutôt 1820, voire 1826. Rien d’étonnant à ces approximations, car avant la légalisation de la distillation en Ecosse, les informations écrites sont rares, surtout à Islay, longtemps à l’écart du reste du pays. Plusieurs bâtiments, notamment les aires de maltage, datent encore de l’époque de la fondation. Ils offrent une véritable symphonie de vert et de blanc, les murs étant régulièrement passés à la chaux.

Qui ?

Donald Johnston, un agriculteur venu s’installer à Islay vers 1810, et qui trouvera plus rémunérateur de devenir distillateur. Il devait décéder en 1847, en tombant dans un alambic en ébullition ! Ses héritiers en sont restés propriétaires jusqu’en 1962, où elle fut vendue au groupe Allied Domecq (blend Long John), afin d’assurer le développement international du single malt. C’est une des très rares distilleries à avoir été dirigée par une femme, miss Bessie Williamson, de 1954 à 1972. Elle était venue pour un remplacement d’été, et restera quarante ans à Laphroaig, ayant hérité de la distillerie et de tous ses secrets de fabrication transmis par Ian Hunter, le dernier descendant de Donald Johnston. Après avoir longtemps appartenu à Allied, Laphroaig est devenue en 2005 la propriété du groupe américain de vins et spiritueux Fortune Brands (Jim Beam, Canadian Club, Marker’s Mark…)

Comment ?

Disposant de sa propre source d’eau tourbée (qu’au 19ème siècle Lagavulin essaiera de capter à son profit), Laphroaig est un des deux distilleries d’Islay (avec Bowmore) à malter son orge sur place (pour 15 % de ses besoins), et à posséder ses propres tourbières. Elle se caractérise également par ses alambics de petite taille et plutôt trapus, ce qui donne beaucoup d’intensité à ses malts. Le vieillissement est exclusivement réalisé depuis les années 30 dans des fûts de bourbon américains de premier remplissage, à l’exclusion pendant longtemps de toute autre provenance. Ce n’est plus le cas aujourd’hui, Laphroaig faisant appel à des fûts de xérès (oloroso, pedro ximenez) dans de récentes finitions.

Quoi ?

Phénolique, assurément, voire médicinal, goudronné, désinfectant : les qualificatifs ne manquent pas pour décrire, pas toujours en bien, les puissants arômes de Laphroaig. Cette personnalité très marquée lui a permis de se faire connaître plus tôt que les autres malts d’Islay, et de témoigner dès les années 70 d’un autre style de single malt que celui du Speyside.

Ce n’est pas pour autant le malt le plus tourbé qui soit, et cette remarquable nature phénolique doit provenir également de la taille des alambics et aussi de la maturation dans l’ambiance maritime des chais de la distillerie.

La gamme commercialisée par la distillerie s’est développée autour du 10 ans d’âge, le plus connu et le plus puissant, à 40 ou à 43° selon les périodes, mais comprend aussi le 15 ans, plus ambré, à 43° ; le cask strength de 10 ans, habituellement à 57,3° ; le 30 ans à 43 %, de production très réduite (123 tonneaux de 491 litres d’origine). Est sorti également un 40 ans d’âge, élaboré par Miss Bessie Williamson.

Outre la commercialisation régulière de séries limitées, Laphroaig se distingue par les cuvées baptisées Quarter Cask, un assemblage de plusieurs millésimes qui vont connaître une finition dans des petits fûts de 125 litres, ce qui leur donne plus de puissance tannique encore.

Les versions d’embouteilleurs indépendants, le plus souvent en cask strength, ou faiblement réduit, sont assez rares sur le marché. Elles témoignent surtout que Laphroaig peut révéler encore plus de complexités aromatiques que les versions standard.

Les distilleries de A à Z