Ardbeg

Où ?

Sur l’île d’Islay, au départ de Port Ellen où accostent les ferries, la petite route qui mène à l’est en longeant la mer dessert Laphroaig et Lagavulin avant d’arriver à Ardbeg… et se termine peu après ! La distillerie donne directement sur une anse, avec quelques îlots où l’on peut apercevoir des phoques. Un ponton avance sur l’eau, mais n’est plus utilisé.

Quand ?

Cette côte a longtemps abrité de nombreux distillateurs “clandestins”, terme un peu exagéré tant Islay a longtemps échappé à tout contrôle officiel, surtout en matière de whisky. C’est en 1814 que John Mac Dougall construit la distillerie, sur un emplacement où, semble-t-il, il y en avait déjà une. Si son créateur eut une fin de vie difficile – cloué sur un fauteuil roulant, maltraité par ses domestiques – la distillerie malterie va rester la propriété de ses descendants jusqu’en 1977. Peu modifiée en près de deux siècles, elle sera surtout agrandie au fil du succès de ses malts. Achetée par Hiram Walker (Allied Domecq), elle commence par arrêter le  maltage en 1980, puis ferme ses portes un an plus tard, bien que son directeur de l’époque, Alistair Cunningham, estimait que son malt “était le plus magnifique qu’il n’ait jamais rencontré”. Après une période de reprises sporadiques, mais sans vrais lendemains, Ardbeg est finalement achetée en 1997 par Glenmorangie.

Qui ?

Société familiale indépendante, Glenmorangie possède la distillerie du même nom et Glen Moray. En reprenant Ardbeg, elle a énormément investi (1,4 millions de £, soit plus de 2 millions d’euros), en remplaçant notamment un alambic hors d’usage et en rénovant la plupart des installations. Toutefois, le maltage n’a pas été remis en service, et les anciennes aires ont été transformées en restaurant et boutique.

Comment ?

L’originalité incontestable des malts d’Ardbeg a longtemps reposé sur une spécificité technique… qui s’est révélée fausse après sa remise en service. Il était dit en effet que l’absence de ventilateurs dans les fours de séchage (les tourailles, ou kilns en anglais) renforçait d’une manière spécifique le goût tourbé des malts. Mais, après l’arrêt du maltage sur place, les nouvelles productions d’Ardbeg ont présenté le même profil aromatique que leurs aînées. L’explication n’était pas là, mais dans la présence d’un dispositif spécial sur le sommet du deuxième alambic, le spirit still. Il est en effet équipé d’un purificateur qui capte les éléments les plus lourds de la distillation et les réintroduit dans l’alambic. Il n’y a que deux ou trois autres distilleries dans toute l’Ecosse qui possèdent un tel système, mais elles n’utilisent pas de malts tourbés…

Le malt provient aujourd’hui de Port Ellen, avec des spécifications propres à Ardbeg. L’eau, également très tourbée, est acheminée depuis le loch Uigeadail.

Quoi ?

Malgré un taux de phénol (provenant de la tourbe) longtemps le plus élevé d’Islay (50 ppm), le malt d’Ardbeg n’est pas marqué par l’âcreté que l’on découvre chez d’autres. Ce qui lui donne une élégance tout à fait spécifique, quelque soient les différents âges de vieillissement.

Il suffit de comparer les qualités d’autrefois encore disponibles (mais en quantités de plus en plus réduites) comme le 1977 ou le 17 ans, avec le “Ten”, le dix ans d’âge. Même si ce dernier est plus fougueux et un peu moins ample, la parenté est évidente.

Pour beaucoup de passionnés (et ils sont nombreux de par le monde), Ardbeg se suffit à lui-même. Aussi, l’association avec le xérès peut paraître incongrue, même si le Uigeadail, où rentre des malts ayant connu le xérès, s’est révélé très intéressant par un apport de fines notes fruitées.

Outre ses versions de base, Ardbeg se caractérise surtout par des séries limitées lancées périodiquement qui passionnent toujours ses fans. Il y a eu ainsi Uigeadail, Supernova (à 100 ppm de phénol), Supernova (2009 puis 2010), Rollercoaster (réunissant tous les malts entre 1997 et 2006), Alligator, ou encore un 1998 entièrement vieilli dans des fûts de Pedro Ximenez.

Les distilleries de A à Z