ALLT-A-BHAIN

D I S T I L L E R I E S R É P U T É E S
Faisons connaissance avec les distilleries les plus réputées,
Suivons le Stills Tour avec Gilbert Delos

Allt-a-Bhaine Distillery

Où ?
A Benrinnes, dans la région de Duff town, au sud du Speyside. Le nom, qui peut également s’écrire Alt A Bhainne ou Allt A’Bhainne, signifi erait en gaëlique « Burn of Milk », ce qui peut se traduire par « ruisseau de lait »… ou d’eau blanche ? En phonétique, il se prononce “Alt-Abanya”. Alimentée par plusieurs sources, la distillerie ne se visite pas.

Quand ?
Elle a été construite en 1975 par le groupe canadien Seagram’s afi n d’alimenter en whisky de malt ses blends, surtout 100 Pipers et Chivas. Les capacités de production sont doublées en 1989, mais, en 2002, après son rachat par Pernod-Ricard, la distillerie est mise en sommeil alors que le marché du whisky connaît une nette reprise. Cette fermeture durera jusqu’en 2005. Par la suite, le site connaîtra des modernisations en 2011 (compresseurs thermiques pour améliorer l’efficacité énergétique) et en 2015 (améliorations de la cuve de brassage).

Qui ?
Le groupe Seagram’s, puissant conglomérat opérant dans les spiritueux, l’a fait construire pour ses besoins en whisky de malt, à la même période que Braeval, situé dans la même région. Après sa dissolution en 2000, les distilleries écossaises de Seagram’s ont été réparties entre Diageo et le groupe français Pernod-Ricard, permettant à ce dernier de devenir le deuxième producteur de scotch whisky.

Comment ?
La distillerie est équipée d’une cuve de brassage de 8 tonnes, de huit fermenteurs de 44 000 litres et de deux paires d’alambics de 22 000 et 14 500 litres. Ayant été conçue avec les automatismes les plus modernes à son époque, elle peut être conduite par un seul employé, les opérations de distillation étant en marche 7 jours sur 7 et 24 heures sur 24. La capacité annuelle est de 4 millions de litres d’alcool pur.

La distillerie est surmontée par des cheminées de forme nettement plus modernes que les classiques pagodes de Charles Doig, mais elles ne servent à rien, le site n’ayant pas de malterie incorporée.

A l’origine, les malts produits à Allt-a-Bhainne n’étaient pas tourbés. Mais le groupe ne possédant de distilleries sur Islay, la moitié de la production actuelle est à base de céréales séchées à la tourbe, donnant une eau-de-vie légèrement tourbée à 10 ppm.

Il n’y a aucun chai de vieillissement sur place, et les jeunes eaux-de-vie sortant des alambics sont expédiées par camion-citernes dans la région de Keith pour la mise en fût et le vieillissement. Une pratique bien plus courante qu’on ne pourrait le penser…

Quoi ?
Il n’y a jamais eu d’embouteillage officiel de single malt Allt-a-Bhaine, toute la production étant destinée à l’élaboration des blends, surtout 100 Pipers, car ses ventes ont connu un tel succès dans les années 70 que la distillerie a été construite pour répondre à cette demande imprévue. La marque a décliné depuis, mais elle figure toujours dans le palmarès des quinze blends les plus vendus dans le monde, avec 18 millions de bouteilles par an.

Les single malts de la distillerie n’existent donc que chez les embouteilleurs indépendants, mais ils servent de temps à temps à élaborer le blend Deerstalker, une des plus vieilles marques de scotch whisky car créée en 1880.

Pour le Clan, j’ai pu déguster (tout de même…) six déclinaisons d’Allt-a-Bhainne :

– 11 ans à 43°, « Un Speyside élégant, d’une longueur moyenne en finale ».
– 16 ans à 43° « Une belle vivacité au total qui en fait un excellent apéritif ».
– 14 ans à 56,2° « Un malt “moderne” en quelque sorte… qui ne risque pas de faire de l’ombre aux anciens… »
– 15 ans à 55,9° « De la puissance et de la charpente, mais manque tout de même d’une vraie personnalité ».
-14 ans à 43°, finition en fût de médoc, « un excellent malt rosé… pour l’été ».
– 21 ans à 55,4°, qualifié de « doux et fruité ».

Gilbert DELOS

Les distilleries de A à Z