Fettercairn

Suivons le Stills Tour …
Faisons connaissance avec les distilleries les plus réputées, par G. DELOS

FETTERCAIRN ROADOù ?
Dans les Highlands de l’Est, entre Dundee et Aberdeen. Cette région rurale, appelée les Mearns, est réputée pour la qualité de ces orges. Fettercairn est, avec Glencadam, la dernière distillerie de la région encore en activité. Le centre de visite avec boutique est ouvert depuis 1989.

Quand ?
Sir Alexandre Ramsay fait construire la distillerie en 1824, qui est achetée par la famille Gladstone en 1830. Celle-ci va la conserver jusqu’en 1939. En 1887, un violent incendie la ravage en grande partie, mais elle est reconstruite et redémarre trois ans après. Fetter- cairn est mise en sommeil entre 1926 et 1939. En 1960, le maltage sur place est abandonné, et, en 1986, les alambics passent de deux à quatre.

Qui ?
Les Gladstone étaient et sont toujours des proprié- taires terriens, et l’un d’entre eux, William Gladstone, fut quatre fois Premier ministre de la reine Victoria. En 1939, la distillerie est achetée par Associated Scottish Distillers. Devenue propriété de Tomintoul en 1971, elle entre deux ans plus tard dans le groupe Whyte & Mackay, et son existence va dépendre ensuite des propriétaires successifs de ce groupe de spiritueux : Lonrho, Brent Walker, American Brands, Jim Beam (JBB), Kyrndal et United Spirits, le groupe indien qui possède également Dalmore et Jura (entre autres). Dernier rebondissement en date : en avril 2014, Diageo, ayant pris le contrôle d’United Spirits, est obligé de revendre Whyte & Mackay, pour respecter la légis- lation sur les monopoles. Le nouveau propriétaire est la société des Philippines, Emperador, leader mondial du brandy (spiritueux à base de jus de raisin).

ALAMBIC FETTERCAIRNComment ?
Outre sa cuve de brassage surmontée d’un couvercle de cuivre (ce qui se fait rare en Ecosse), Fettercairn possède un système unique de refroidissement pour ses spirit stills, les deux alambics utilisés pour la seconde distillation. En effet, de l’eau froide circule sur la paroi externe de la cheminée de l’alambic, depuis la base du col-de-cygne jusqu’à la cuve, où elle est recueillie par une sorte de gouttière. Ce dispositif, unique dans les distilleries écossaises, est conçu pour augmenter le reflux des éléments les plus lourds des vapeurs émanant de la cuve de distillation, donnant ainsi des eaux-de-vie plus fines et plus élégantes. L’inconvénient de ce système est qu’il entraîne une détérioration beaucoup plus rapide de la cheminée de cuivre, qui doit être remplacée trois à quatre fois plus souvent que le reste de l’alambic. Elaborant vingt-deux brassins par semaine, la distille- rie a produit l’an dernier environ 2 millions de litres d’alcool par an. Certaines années, Fettercairn élabore un malt très tourbé (55 ppm) pour ses assemblages de single malt.

Quoi ?
Les malts de la distillerie servent essentiellement à l’élaboration de blends, Whyte & Mackay surtout, mais aussi de nombreuses marques pour la grande distribution. Le single malt s’est longtemps appelé Old Fettercairn, mais cette appellation a été abandon- née en 2002 pour la seule Fettercairn, qui a bénéficié également d’une bouteille plus élégante. Et surtout, les versions principales sont commercialisées sans âge, illustrant une tendance récente en matière de single malts, qui permet aux distilleries d’être moins dépendantes de leurs stocks pour leur commercialisation. La version principale est Fior (« pur » en gaélique), vraisemblablement un 14-15 ans contenant une petite proportion de malt tourbé. Titrant 42 % d’alc. vol., il est puissant, voire explosif, marqué par le poivre noir, le cacao et les épices. L’autre, Fasque, portant le nom du château des Glad- stone situé à proximité, est commercialisé par la chaîne d’hypermarchés Tesco. Il est manifestement plus jeune et un peu moins tourbé, mais avec de la puissance et un agréable fruité. Les malts Fettercairn sont peu connus en France, et, même au Clan, il est rarement proposé : un 10 ans à 60,7°, il y a longtemps déjà, et un 19 ans à 54,1° en 2013. C’est pourquoi, pour les participants du voyage du Clan en avril dernier, la visite de Fettercairn a été très intéressante, avec à la clé une remarquable dégustation. Outre un 10 ans à 55,7°, sec et puissant, très concentré sur des notes de raisins de Corinthe, de tabac et de cuir, ils ont pu découvrir des malts plus âgés : un 24 ans à 44,4°, non tourbé et finition xérès, sur des fruits cuits (pomme, pruneau) et très riche sur le plan aromatique ; un 30 ans à 43,3°, finition oloroso, sur le fruit confit, la cerise au marasquin et le masse- pain, avec du boisé et une finale bien épicée.

 Les malts Fettercairn sont peu connus en France… À quand des Fettercairn pour les membres du Clan ?

 

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