Inchgower

Faisons connaissance avec les distilleries les plus réputées,
Suivons le Stills Tour  par Gilbert DELOS

Où ?
Située dans le petit port de pêche de Buckie, tout au nord du Speyside, Inchgower est juste à côté de l’autoroute A 98, et l’automobiliste allant de Banff à Elgin ne peut manquer de la voir, d’autant que les treize chais de viellissement sont très visibles.

Quand ?
C’est en 1871 que la société Alexander Wilson & Co construit cette distillerie pour succéder à Tochineal qu’elle possédait précédemment. Une partie des équipements de Tochineal seront d’ailleurs transférés à Inchgower. Commence alors sa longue et discrète histoire, marquée toutefois par un événement très inhabituel pour l’Ecosse : en 1936, la société Alexander Wilson fait faillite, mais la distillerie est rachetée par la commune de Buckie, qui ne voulait pas de sa disparition, d’autant que plusieurs ouvriers de la distillerie étaient logés sur place. Une fois les comptes remis en ordre, la commune revend Inchgower deux ans après à Arthur Bell & Sons, doublant au passage le prix payé deux ans plus tôt.
Vouée à la production de malts pour les blend, Inchgower connaît à nouveau une existence sans histoire, marquée seulement par sa modernisation en 1966 avec doublement de la capacité de production et abandon du feu nu pour le chauffage à la vapeur. Une nouvelle remise à niveau a été effectuée en 2012.

Qui ?
Personne n’a laissé son nom de façon marquante ou anecdotique dans l’histoire d’Inchgowder. Elle appartient aujourd’hui à Diageo, héritier de DCL et de Guinness qui avait acheté Arthur Bell en 1985.

Comment ?
L’équipement est très classique, avec une cuve de brassage de 8,6 tonnes de capacité, six fermenteurs en pin d’Oregon et deux paires d’alambics. Ceux-ci ont toutefois la particularité d’avoir des cols de cygne très courbés, ce qui limite considérablement le reflux. L103-4Comme la durée de la fermentation est plutôt courte (cinquante heures environ) le tout donne des eaux-de-vie très marquées par les fruits secs, le cuivre de l’alambic n’ayant pas assez de temps pour lui donner des arômes plus moelleux. De plus, l’eau-de-vie sélectionnée à la sortie va de 55 % d’alc.vol. jusqu’à 72 %, ce qui lui donne un caractère puissant et bien épicé, ce qui est recherché par les blenders. Les vastes chais de vieillissement abritent jusqu’à 66 000 fûts, ce qui dépasse largement les capacités de production, qui atteignent 3,2 millions de litres par an, en effectuant 19 brassins par semaine. S’y trouveraient en fait d’autres malts de Diageo, d’autant que, selon le site Malt Madness, toute la production d’Inchgower n’y serait pas entreposée et qu’elle irait sur d’autres sites de vieillissement. Ce qui supposerait des allers-et-venues de camions bien peu écologiquement admissibles…

Quoi ?
L103-5Il n’y a pas d’embouteillage officiel d’Inchgower, à part un 14 ans dans la gamme Flora & Fauna et, en 2004, un Rare Malt de 27 ans, qui a pris la suite d’un 22 ans. Il faut dire que 1 % seulement de la production est embouteillé en single malts et, pour l’essentiel, par des distributeurs indépendants.
L’essentiel est donc utilisé pour élaborer le blend Bell’s, le deuxième le plus vendu au Royaume Uni, et le dixième dans le monde, mais Inchgower entre aussi dans la composition de Johnnie Walker et White Horse. Avec le Clan, j’ai pu déguster quatre Inchgower, dont trois à 46° (19 ans, 13 ans et 15 ans) et un brut de fût à 55,1 % de 22 ans. Ils présentaient une certaine diversité aromatique, mais avec toujours de la puissance et souvent des notes épicées et fruitées, parfois sur le toffee, qui en font des malts bien intéressants, surtout pour le Speyside. Inchgower est donc un malt apprécié par les dégustateurs, et il est dommage qu’il ne soit pas davantage
embouteillé. Que fait Diageo ?

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