Lagavulin

Où ?

Sur l’île d’Islay, au sud-ouest de l’Ecosse, en bord de mer. Elle est voisine d’Ardbeg et de Laphroaig, ses consoeurs en matière de malts tourbés. Sa traduction du gaélique signifie : le moulin dans le creux. Non loin se trouvent les ruines du château de Dunyveg, propriété du Seigneur des Iles, et qui abritait ses navires dans l’anse voisine de la distillerie. Elle possède son propre quai de déchargement, quasiment inutilisé de nos jours.

Quand ?

Dans ce secteur d’Islay, ont été recensées au 19ème siècle près d’une dizaine de distilleries “illégales”, un qualificatif un peu exagéré tant elles avaient pignon sur rue et n’étaient pas inquiétées pour leurs activités. Deux d’entre elles se sont unies pour créer Lagavulin en 1837. Par la suite, les bâtiments ont été aménagés et agrandis par les frères Graham, associés de James Logan Mackie. Ils n’ont guère changé depuis. En 1908, des bâtiments voisins furent transformés pour créer une seconde distillerie, appelée Malt Mill, afin d’élaborer un malt encore plus tourbé que celui de Laphroaig, n’utilisant que de la tourbe pour le touraillage. Elle a fermé en 1960 afin d’agrandir Lagavulin.

Qui ?

Les Mackie ont marqué de leur importance une bonne partie de l’histoire de Lagavulin. James Logan Mackie d’abord, qui, en s’associant aux frères Graham, s’intéressa beaucoup aux techniques de distillation en usage sur Islay. Par la suite, lorsqu’il crée son blend White Horse en 1883, il fait de Lagavulin un pivot incontournable de sa marque. Son neveu, Peter, surnommé l’Agité, a beaucoup développé l’entreprise à l’international, ayant coutume d’affirmer à propos de n’importe quel endroit du globe : “si vous pouvez y aller, vous y trouverez du White Horse”. Peu de temps après sa mort, en 1924, sa société si farouchement indépendante sera absorbée au sein de DCL, ancêtre de l’actuelle Diageo

Comment ?

D’une taille relativement modeste, la distillerie est équipée de quatre alambics, petits et trapus, de contenance plutôt réduite. Mais ils sont remplis à 95 %, ce qui est exceptionnel en Ecosse, donnant une eau-de-vie plus corsée. Elle utilise une eau, en provenance des Solan Lochs, naturellement tourbée, et ses chais sont ouverts à l’air marin, ce qui donne au malt son caractère iodé. Une partie des fûts de vieillissement ont contenu du xérès, ce qui apporte des notes fruitées.

Quoi ?

Lagavulin n’a jamais joué la carte d’une gamme, se concentrant pratiquement sur une seule référence. Après le 12 ans, qui a beaucoup contribué à faire connaître le malt, c’est le 16 ans qui a pris sa place, lorsque Lagavulin est devenu le pivot de la gamme des Classic Malts.

Surnommé par ses passionnés “l’aristocrate d’Islay”, c’est un malt assez sec à l’attaque, et qui développe un caractère avant tout fumé, mais bien contrebalancé par du fruité et un caractère iodé. Sa puissance en bouche, et tout particulièrement en finale, est à ce point marquée qu’on a pu parler de monument pour le caractériser.

Son succès est devenu tel dans le monde entier… que les stocks ont diminué  trop rapidement dans les années 2000. Outre que le personnel a du mettre les bouchées doubles pour les reconstituer, travaillant même le dimanche (du rarement vu dans l’industrie du scotch whisky), certains marchés ont dû être fermés, au moins temporairement, pour privilégier les plus gros demandeurs.

Une nouvelle version est récemment apparue, dans le cadre de la seconde gamme des Classic Malts, qui connaissent tous une seconde maturation dans un fût différent. Pour Lagavulin, c’est un fût de xérès pedro ximenez, le plus puissant dans le genre, qui a été choisi pour affronter la force du malt. Le résultat n’a pas vraiment les faveurs des passionnés de Lagavulin, car le malt en devient plus fruité, voire sirupeux, perdant son caractère sec. Mais la rencontre entre les deux géants est tout de même passionnante.

Les versions de Lagavulin chez les embouteilleurs indépendants sont peu nombreuses et difficiles à trouver.

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