L’HOMME, LE CHÊNE ET LE WHISKY

Où il faut comprendre, que le whisky n’est pas une boisson comme les autres, son histoire est indissociable de qui le reçoit depuis quelque temps déjà, l’élève, assure sa maturation, et lui  propose sa substantifique moëlle, j’ai nommé sa majesté le Chêne. Bon élève et bon maître, ils  vont échanger pendant leur vie commune le meilleur de leurs qualités. Chaque eau-de-vie a ses propres secrets et sa propre histoire.

Comme dans toute analyse, pour suivre le cheminement, mieux vaut s’interroger sur le passé. Nos ancêtres, les antiques, appréciaient déjà sa robustesse et son étanchéité, le fût de chêne fut longtemps utilisé comme simple récipient de stockage pour de multiples produits, pour leurs biens chez les Romains et dans de nombreux pays, le même mot latin “Robur” désignant le chêne et la force. Auparavant il était l’un des arbres sacrés des druides, dans de nombreuses mythologies d’Europe il est la force, le Dieu de la foudre.
(Pour autant, n’oublions pas notre bon La FONTAINE qui rappelle quelques faiblesses dans sa fable ‘’ Le chêne et le roseau’’…).

Mais assez récemment, les whisky Distillers Ecossais, contraints de faire vieillir leur whisky pour un minimum de trois ans, commencèrent à s’intéresser aux qualités du chêne et à son apport aromatique et qui peut le plus peut le moins, aux multiples variations chromatiques. Le chêne, cet arbre qui a la mauvaise réputation d’attirer la foudre, est consacré dans la plupart des mythologies européennes au Dieu du ciel et à la majesté qu’il représente. Il est synonyme de force et de virilité, il est par son endurance et sa puissance une image de la force… Les Romains avait bien cerné sa valeur car le même mot latin “Robur” désigne le chêne et la force. Son bois très solide servait pour fabriquer les roues et les navires de tout temps depuis l’antiquité jusqu’à ce qu’il s’efface derrière l’acier.

Pourquoi le chêne ? Alors qu’on a retrouvé des fûts de bois exotiques et autres, n’oublions pas Brassens qui rimait ‘’ Auprès de mon arbre’’ …
J’ai plaqué mon chêne comme un saligaud
Mon copain le chêne, mon alter ego
On était du même bois, un peu rustique, un peu brut
Dont on fait n’importe quoi sauf naturellement les flûtes
J’ai maintenant des frênes, des arbres de Judée…

Sans doute, ses qualités, à la fois étanche et perméable, solide et souple, sa longévité légendaire ont fait le reste.

Il existe plus de cinquante variétés de chêne dans le monde, parmi elles quelques-unes possèdent les qualités attendues pour notre whisky. Quercus Alba, Quercus Robur… Les distilleries de whisky quant à elles utilisent principalement deux types de bois : le chêne blanc américain (Quercus Alba) et le chêne européen (Quercus Robur). Ce chêne présente un grain beaucoup plus tendre permettant d’extraire davantage de composés aromatiques, ou les deux en même temps, puisqu’on a vu fleurir au fil du temps les « double ou triple wood » pour espérer faire varier le profil de tel ou tel. Ou, plus récemment, le chêne du Limousin (quercus pedunculata), utilisé traditionnellement pour l’élevage du cognac. Chaque bois, flexible et solide à la fois, possède ses propres avantages. Et que dire du chêne Japonais Mizunara qui possède ses propres attributs.

Après de multiples services, selon leur sort, ils finiront recyclés ou détruits, « Oh! Quel farouche bruit font dans le crépuscule, les chênes qu’on abat pour le bûcher d’Hercule! » Dixit Victor HUGO.

Slainte Gérard TRENTESAUX