Si « 1494 » est une année emblématique pour tout membre du Clan des Grands Malts qui se respecte … il n’en va certainement point de même de « 1424 » pourtant, 70 ans avant la première mention écrite relative à l’esprit d’Ecosse, le roi de France Charles VII (Le Victorieux) écrivait, le 26 Mars de cette fameuse année : « Nostre cher et amé cousin Jean Stuart, seigneur de Darnelé et de Concressault, Cosnetable de l’armée écossaise, à nostre prière et requeste, est venu dudit pays d’Ecosse, et a amené avec lui grande Compagnie de gendarmes, et de trait, en intention et mettant à effet les anciennes alliances des royaumes de France et D’Ecosse et à nostre très grand besoin, affaire et nécessité » …
En clair, Le roi de France, considéré aujourd’hui comme celui qui a mis fin à la guerre de 100 ans (aidé par Jeanne d’Arc il est vrai …) a reçu le soutien de 5000 à 6000 Ecossais débarqués à la Rochelle en 1419/1421 (selon les sources).
Après les batailles de Baugé et de Cravant, l’un d’eux (il y perdit une oeil), le connétable John Stuart de Darnley, reçu, en 1422, des mains de Charles VII, s’il vous plait, la Seigneurie de Concressault, près de Sancerre et ensuite, en 1423, le comté d’Aubigny au Coeur du Berry… Pour info la garde écossaise perdura jusqu’à la révolution !
Pourquoi cette fastidieuse introduction me direz vous ? Outre le fait de vous faire brillez en société cette entrée en matière nous amène à penser que oui, la présence écossaise, dûment attestée depuis 6 siècles (quand même !), en plein coeur de notre pays, n’est pas étrangère à nos liens intangibles, de coeur et d’esprit, avec ces landes de bruyères, ses farouches occupants et ses maltés breuvages …
Quoi de plus normal, une fois le propos distillé, de porter un regard différent sur l’explosion du distillat malté sur notre territoire car, telles des fleurs du malt, les point de distillation se répandent comme narcisses au printemps.
Les plus savants ne manquerons pas de nous asséner les sempiternelles évidences … Oui la qualité de nos céréales, la finesse de nos chênes qui font référence et la maîtrise de l’art de la distillation sont autant d’atouts de notre beau pays mais est-ce bien tout en définitive ?
Ne devons nous pas, humblement, envisager, un élément moins concret, un secret plus subtil, comme un supplément d’âme issu des lointains Highlands, que nous portons en nous sans en être conscients, un fantôme médiéval, un esprit malin, un trait d’ADN, qui nous porte à respecter et apprécier de manière quasi innée ce lien intemporel, presque filial ?
Oui, aujourd’hui encore vous pouvez, et même devez, vous rendre en cette seigneurie d’Aubigny qui abrite la demeure des Stuarts (le château de la ville) et surtout son centre d’interprétation de l’Auld Alliance…. Cela ne s’invente pas !
Ce qui m’amène, pour conclure, à partager des brides d’un roman de Gilles Legardinier à propos de ces contrées au reflets familiers…
« Il y avait là-bas une force et une authenticité uniques. » (la côte ouest des Highlands), « la rudesse des habitants réservait de l’hypocrisie » ou encore, la phrase la plus forte : « Je me sentais toujours plus intensément vivant lorsque je respirais les parfums de terre et de bois ou contemplais les lochs allant du bleu outremer au gris acier. Tous les sens étaient captivés par ces endroits magiques, chargés d’histoire. C’est dans ce genre de lieu qu’un homme peut réfléchir sans se tromper … »
Je vous laisse à vos pensées, qu’elles soient noblement accompagnées !
Slainte !
Benoît Lefebvre