Par Sophie CORVAISIER – Publié le 19/01/2023 – L’Express
Cette bouteille de Single Malt The Dalmore « Luminary Nº1 The Rare » s’est envolée à 136 000 c au marteau de Sotheby’s à Londres le 16 novembre 2022 – SDP 2022, encore une année record pour les spiritueux… 2022, encore une année record pour les spiritueux… Le 16 novembre, une bouteille de Single Malt The Dalmore « Luminary Nº1 The Rare » s’est envolée à 118 750 £ (136 000 c) au marteau de Sotheby’s à Londres. Une bouteille unique de 48 ans d’âge, présentée dans son coffret « oeuvre d’art » désigné par l’architecte Kengo Kuma.
Si les fonds de pension investissent dans des fûts de whisky depuis la bataille de Waterloo – pour venir en aide aux veuves écossaises -, on assiste depuis quelques années à un véritable engouement pour les vieux whiskys et les séries limitées. Notamment lorsqu’il s’agit de bouteilles rares, comme des single malt, issus de distilleries aujourd’hui fermées. « La bouteille la plus chère de whisky a dépassé le million, il s’agit du Macallan 1926 Valdepino vendu 1,7 million d’euros.
On peut aussi évoquer certains whiskys japonais, notamment les séries de la distillerie Karuizawa vendues aujourd’hui 500 000 c la bouteille, et achetées 25 000 c cinq ans plus tôt », relève Etienne de la Morsanglière, responsable de Fine Spirits Auction, site de vente aux enchères de spiritueux cocréé par La Maison du Whisky et iDealwine. Des prix qui donnent le tournis, comparés aux années difficiles des décennies 1990 – 2010 où les stocks s’accumulaient dans les distilleries écossaises. « On est sur un marché très avancé et pourtant ce n’est qu’un
départ », ajoute Etienne de la Morsanglière.
De plus en plus de collectionneurs …
L’appétence pour le breuvage grandissant, les amateurs achètent en effet désormais souvent plus de bouteilles qu’ils n’en boivent. « Chez Whisky Lodge, pour chaque nouvelle édition, on oscille entre le passionné qui achète depuis vingt ans, en ayant bu la moitié de sa collection, et le financier pour qui le whisky devient une valeur refuge. Il y a de la passion et du statutaire pour certains et de l’investissement pour d’autres », constate Pierre Tissandier, directeur général de la boutique spécialisée dans la vente de spiritueux d’exception et d’alcools rares.
Et d’expliquer : « Le whisky est une matière première qui peut être fabuleuse ou totalement neutre. Il y a les single malt, issus d’une fabrication artisanale à partir d’orge malté, avec une spécificité aromatique unique ; les whiskys de grain, plus neutres, à base de blé, produits en quantité industrielle ; et ce que l’on appelle les blend, des whiskys de grain vieillis en fûts de chêne dans lesquels on ajoute un peu de single malt. C’est un marché pyramidal avec une production de gros volumes en bas et des produits beaucoup plus anecdotiques au top. Un système qui se prête naturellement à la collection ».
Numéro un du marché, en volume et en prestige, le whisky écossais à la faveur des collectionneurs qui raffolent également de plus en plus des breuvages nippons. Loin derrière et encore très anecdotique, le whisky français voit ses premiers aficionados. Depuis la première distillerie bretonne, ouverte en 1987, elles sont aujourd’hui plus de 130 à travers le pays. Et s’il fallait n’en choisir qu’un « made in France » ? Ce serait, sur les conseils d’Etienne de la Morsanglière, la magnifique bouteille « Eddu Graal » 21 ans d’âge de la distillerie des Menhirs, le plus vieux whisky français… à 550 euros aujourd’hui.