l’ actualite du whisky

« Jusqu’à 500 000 euros la bouteille » : le whisky, une valeur montante …

Par Sophie CORVAISIER – Publié le 19/01/2023 – L’Express

Cette bouteille de Single Malt The Dalmore « Luminary Nº1 The Rare » s’est envolée à 136 000 c au marteau de Sotheby’s à Londres le 16 novembre 2022 – SDP 2022, encore une année record pour les spiritueux… 2022, encore une année record pour les spiritueux… Le 16 novembre, une bouteille de Single Malt The Dalmore « Luminary Nº1 The Rare » s’est envolée à 118 750 £ (136 000 c) au marteau de Sotheby’s à Londres. Une bouteille unique de 48 ans d’âge, présentée dans son coffret « oeuvre d’art » désigné par l’architecte Kengo Kuma.

Si les fonds de pension investissent dans des fûts de whisky depuis la bataille de Waterloo – pour venir en aide aux veuves écossaises -, on assiste depuis quelques années à un véritable engouement pour les vieux whiskys et les séries limitées. Notamment lorsqu’il s’agit de bouteilles rares, comme des single malt, issus de distilleries aujourd’hui fermées. « La bouteille la plus chère de whisky a dépassé le million, il s’agit du Macallan 1926 Valdepino vendu 1,7 million d’euros.

On peut aussi évoquer certains whiskys japonais, notamment les séries de la distillerie Karuizawa vendues aujourd’hui 500 000 c la bouteille, et achetées 25 000 c cinq ans plus tôt », relève Etienne de la Morsanglière, responsable de Fine Spirits Auction, site de vente aux enchères de spiritueux cocréé par La Maison du Whisky et iDealwine. Des prix qui donnent le tournis, comparés aux années difficiles des décennies 1990 – 2010 où les stocks s’accumulaient dans les distilleries écossaises. « On est sur un marché très avancé et pourtant ce n’est qu’un
départ », ajoute Etienne de la Morsanglière.

De plus en plus de collectionneurs …
L’appétence pour le breuvage grandissant, les amateurs achètent en effet désormais souvent plus de bouteilles qu’ils n’en boivent. « Chez Whisky Lodge, pour chaque nouvelle édition, on oscille entre le passionné qui achète depuis vingt ans, en ayant bu la moitié de sa collection, et le financier pour qui le whisky devient une valeur refuge. Il y a de la passion et du statutaire pour certains et de l’investissement pour d’autres », constate Pierre Tissandier, directeur général de la boutique spécialisée dans la vente de spiritueux d’exception et d’alcools rares.

Et d’expliquer : « Le whisky est une matière première qui peut être fabuleuse ou totalement neutre. Il y a les single malt, issus d’une fabrication artisanale à partir d’orge malté, avec une spécificité aromatique unique ; les whiskys de grain, plus neutres, à base de blé, produits en quantité industrielle ; et ce que l’on appelle les blend, des whiskys de grain vieillis en fûts de chêne dans lesquels on ajoute un peu de single malt. C’est un marché pyramidal avec une production de gros volumes en bas et des produits beaucoup plus anecdotiques au top. Un système qui se prête naturellement à la collection ».

Numéro un du marché, en volume et en prestige, le whisky écossais à la faveur des collectionneurs qui raffolent également de plus en plus des breuvages nippons. Loin derrière et encore très anecdotique, le whisky français voit ses premiers aficionados. Depuis la première distillerie bretonne, ouverte en 1987, elles sont aujourd’hui plus de 130 à travers le pays. Et s’il fallait n’en choisir qu’un « made in France » ? Ce serait, sur les conseils d’Etienne de la Morsanglière, la magnifique bouteille « Eddu Graal » 21 ans d’âge de la distillerie des Menhirs, le plus vieux whisky français… à 550 euros aujourd’hui.

«Les fûts y sont restés huit heures à 55 degrés» : pour la première fois, un whisky a fini son vieillissement… dans un sauna

Par Jean-Pierre Saccani – Publié le 22 avril 2025 – Le Figaro

La distillerie finlandaise Kyrö innove avec une édition limitée qui a été vieillie en fût de rhum jamaïcain avant de transpirer dans une étuve chauffée à 55 degrés. Coup marketing ou coup de génie ?
Où va-t-on s’arrêter en termes de finish ? Chantre des whiskies de seigle, la distillerie finlandaise Kyrö (prononcer kireu) repousse les limites en utilisant une technique totalement inédite : la finition en sauna. Une démarche qui coule de source pour le maître distillateur Kalle Valkonen. Il rappelle en effet que l’idée de la marque est née en 2012, alors que ses cinq futurs fondateurs prenaient ensemble un bain de vapeur en dégustant un rye whisky. Comme cette catégorie n’existait pas en Finlande, ils ont décidé de lancer le leur. Treize ans plus tard, voilà leur première édition limitée (1 908 flacons à 139 c). D’abord élevé en barrique de chêne américain
neuf, Kyrö Sauna Stories N°1 (50,8 %) est passé ensuite dans un fût de rhum jamaïcain Planteray qui a fini par suer à grosses gouttes dans l’étuve. De quoi ravir la planète geek, toujours friande de telles démarches mais les autres ?«Les dirigeants de Kyrö ont une vraie vision et ils travaillent avec des équipements de qualité», souligne Alexandre Gabriel, propriétaire de Planteray. Toujours en recherche de finish originaux, il échange des fûts avec la
distillerie finlandaise. «Mettre le fût dans un sauna ouvre les pores de bois et entraîne une interaction énorme avec le liquide. En résultent des notes exotiques de mangue, d’ananas séché, de banane très mûre. C’est une expression qui a germé dans l’esprit d’une équipe un peu folle mais très talentueuse», résume Alexandre Gabriel.

Vieilles traditions nordiques
Comme la plupart des distilleries nordiques, Kyrö utilise des matières premières locales, du seigle complet en l’occurrence et élabore du whisky de manière artisanale en privilégiant les fermentations longues et les distillations lentes dans de petits alambics. Produisant du gin, de la vodka et quatre whiskies dans sa gamme permanente, la distillerie d’Isokyrö remet aussi au goût du jour de vieilles traditions nordiques comme celle de fumer son malt à l’aulne (un arbre qui pousse en zones humides) ou avec de la tourbe d’eau douce. Un traitement réservé aux cuvées Wood Smoke et Peat Smoke.
Kyrö Sauna Stories N°1 aura-t-elle une suite ? Oui, à en croire Nicolas Cauchois qui dirige Distill Spirit, le distributeur de Kyrö en France, le deuxième marché à l’export de la distillerie finlandaise. «Mais cette édition n’aura pas un profil rhum comme la précédente.», précise-t-il sans en dévoiler plus. En revanche, il est plus disert sur l’étape du sauna. «Les fûts y sont restés huit heures à une température de 55 degrés. C’est court mais le sauna est un accélérateur qui permet d’obtenir un vieillissement tropical dans un pays froid.» De fait, la Finlande connaît un climat proche de celui de l’Écosse…
Un nuage vient en revanche d’assombrir l’avenir prometteur de Kyrö. La distillerie finlandaise pourra-t-elle conserver l’étiquette rye whisky qui est l’un de ses marqueurs ? Rien n’est moins sûr depuis le 1 er avril. Un traité signé en 2003 entre l’Union européenne et le Canada laissant l’usage exclusif de cette appellation à ce dernier est soudainement ressorti des oubliettes. Et ce n’est pas un poisson d’avril contrairement à ce qu’ont d’abord pensé les dirigeants de Kyrö. «OutRYEgeous» ont-ils réagi sur Linkedin pour dire combien cette mesure était scandaleuse (=
outrageous). Une réponse originale, à l’image de leurs whiskies à découvrir quelle que soit l’issue de cette affaire.

Le tourisme, ballon d’oxygène pour les fabricants d’eaux-de-vie et de liqueurs …

Léa DELPONT – Correspondante à Bordeaux – Les Echos

Le Laboratoire du spiritourisme lancé en Guadeloupe veut poser les bases d’une politique nationale inspirée du succès de l’oenotourisme.
Taxes, surtaxes, baisse de la consommation et attaques répétées contre l’alcool : les temps sont durs pour les spiritueux français, une grande famille de 44 catégories d’eaux-de-vie, liqueurs, whisky, vodka, anisés, genièvres, gentianes… Pour ces 250 entreprises (dont 95 % de PME et d’artisans) revendiquant 13 milliards d’euros de chiffre d’affaires, la bonne nouvelle est venue des Antilles, patrie du rhum : le lancement du Laboratoire national du spiritourisme le 10 avril en Guadeloupe, par la ministre du Tourisme, Nathalie Delattre, et le président du Conseil supérieur de l’oenotourisme (CSO), Hervé Novelli, ancien secrétaire d’Etat chargé des entreprises.

Devenu partie intégrante du paysage et de l’économie viticoles, ce tourisme autour du vin attire 12 millions de visiteurs et représente 15 milliards de recettes, selon Atout France. Il a bénéficié d’un véritable soutien public depuis la création du CSO, en 2009, et du label Vignobles et Découvertes apposé sur 8.000 sites et domaines. Mais il ne concerne pas les spiritueux.
Hervé Novelli propose dans sa feuille de route, qui sera détaillée le 13 juin, « une véritable politique du spiritourisme, inspirée du succès de l’oenotourisme ». « Pas un décalque », met-il en garde : « L’alcool est un sujet complexe, même avec modération. Il n’y aura sans doute pas un label d’Etat ». Il appelle plutôt à « la mobilisation des acteurs privés et locaux pour bâtir des politiques touristiques ancrées dans les territoires, la découverte du patrimoine et la valorisation des savoir-faire ». La culture plutôt que la consommation…

Huit cents marques
Aux Antilles, les deux tiers des touristes visitent déjà une distillerie, étape incontournable du séjour. « Mais c’est compliqué d’emporter plus d’une bouteille dans la valise », pointe Thomas Gauthier, directeur général de la FFS, la Fédération française des spiritueux. « L’enjeu, là-bas comme en métropole, c’est de construire une offre globale autour d’un produit, sur place, en partenariat avec les restaurateurs, hôteliers et autres professionnels locaux pour enrichir l’expérience. »
La FFS compte déjà 2 millions de « spiritouristes » dans 327 sites – pour 800 marques – proposant des formules diverses – espace musée, visite guidée, dégustation, atelier d’assemblage ou de mixologie, escape game… Les caves de la Chartreuse reçoivent plus de 40.000 visiteurs par an à Voiron ; le palais Bénédictine, à Fécamp, 120.000.
« Notre univers répond à la quête de sens et d’expérience, estime Thomas Gauthier. Nos 44 spécialités – là où l’Ecosse n’en a qu’une – résonnent avec des productions agricoles locales, des techniques et connaissances ancestrales, des anecdotes infinies sur les moines, les apothicaires, les confiseurs d’antan… et nous avons une responsabilité dans la transmission de ce patrimoine. »Economiquement, le passage de touristes représente jusqu’au tiers du chiffre d’affaires d’un petit artisan. Et quand la boutique est précédée d’une visite, les ventes augmentent de 50 %, a observé la FFS.
Mais pour faire payer la dégustation, contrairement aux vignerons qui bénéficient d’une dispense, les producteurs ont besoin d’une licence IV – un sésame sur numerus clausus. La FFS espère rapidement un assouplissement de cette règle. Le Château du Breuil, producteur de calvados, a déboursé 12.000 euros pour sa licence, négociée avec un village voisin. Elle lui permet « de proposer des cocktails à base de calvados, une tendance très porteuse », explique Roberto Montesano, propriétaire depuis 2020 de la distillerie de Breuil-en-Auge. Il a doublé sa fréquentation (40.000 personnes) en investissant dans une nouvelle boutique, un son et lumière, l’aménagement du parc et cinq chambres d’hôtes dans la tour. Le domaine de 42 hectares de pommiers bio fait 4,5 millions d’euros de chiffre d’affaires, dont un quart avec l’accueil. « On vend un produit interdit à la publicité. Le spiritourisme l’éclaire sous un jour vertueux, artisanal, propre, local… ».
A Saumur, Combier, l’inventeur du triple sec en 1834, fait découvrir « une salle des alambics qui n’a pas changé depuis deux siècles ». L’été, les visites et la boutique font travailler cinq personnes. « C’est 8 % du chiffre d’affaires, mais ce sont mes meilleures marges. Et c’est aussi mon département marketing », estime Franck Choisne, président du Syndicat national des liqueurs et dirigeant de la distillerie, qui emploie 30 salariés pour 7 millions d’euros de chiffre d’affaires.

Espoir de reconquête
Labellisé Entreprise du patrimoine vivant – à l’instar de 30 autres producteurs de spiritueux -, le liquoriste aux cent recettes, guignolet, crème de pêche de vigne ou liqueur de pétales de rose, met l’accent sur l’histoire et les savoir-faire (infusions, macérations, distillations…) autant que sur le produit fini. Franck Choisne est d’ailleurs le principal artisan de leur inscription au patrimoine culturel français en novembre dernier. « Dans une filière sous tension, cet élan donné au spiritourisme nous fait du bien. Il est important d’y sensibiliser les petits producteurs qui se débrouillent trop souvent avec les moyens du bord. » La FFS recense une cinquantaine de projets.
A Cognac, le spiritourisme a un temps d’avance car l’eau-de-vie à base de vin « a pu bénéficier du label oenotouristique », précise Hervé Novelli. Le territoire accueille 325.000 nuitées de visiteurs. « On vise le double en 2030 », annonce le président de l’Agglomération du Grand Cognac, Jérôme Sourisseau, citant les efforts conjugués des pouvoirs publics pour organiser trois festivals par an et des négociants « petits et gros » pour proposer des visites de qualité dans les chais, les tonnelleries, les vignes (à vélo chez Rémy Martin). La volonté politique rejoint « celle de la filière de reconquérir le marché français (2 %) grâce au spiritourisme, dans un contexte de forte crise », dit-il.

Armorik : chéri, j’ai rétréci la distillerie !

Par Christine Lambert – Whisky magazine – Février 2025

Restons en Bretagne, du côté de Lannion cette fois, où le pionnier du whisky français est en train d’installer sa micro-distillerie, dans les anciens abattoirs de la ville – où ils logent déjà leur tonnellerie. Une jolie petite unité de brassage en cuivre achetée d’occase aux Pays-Bas (elle trône encore sur sa palette, à peine déballée sur la photo) capable de lâcher 300 l de bière par semaine ira côtoyer tous les alambics à liqueurs historiques de Warenghem.

Objectif: ressusciter la bière Diwall chez Warenghem et, surtout, se lâcher en R&D pour concrétiser les idées les plus folles. Si tout va bien (vous avez remarqué comme on commence prudemment ainsi 80% de nos phrases en ce moment?), la micro-distillerie sera opérationnelle
avant l’été.

D’ici là, le nouveau 10 ans arrivera sur le marché (en avril), et il abandonne désormais les millésime pour devenir un embouteillage permanent, calé peu ou prou sur la merveilleuse édition 2024. A peu près en même temps, on accueillera un Armorik Small Batch Chouchen, assemblage de vieillissements sous chêne breton et fûts d’hydromel: si vous vous l’arrachez, cette édition limitée pourrait être pérennisée. No comment (#LesVraisSavent).

Whiskies tourbés : mais où sont passés les ppm ?

Par Christine Lambert – Whisky magazine – Mars 2025

La mesure des phénols responsables des arômes tourbés fait apparaître des chiffres qui chutent dramatiquement selon qu’elle est réalisée sur le malt… ou sur le whisky. Mais alors, où disparaissent-ils entre-temps?

Parlons magie et tours de passe-passe si vous le voulez bien. Mais au lieu d’escamoter les colombes dans un haut de forme, étudions comment les phénols disparaissent d’un whisky tourbé. Molécules aromatiques responsables des notes fumées/médicinales, ces phénols sont mesurés en parties par million, autrement dit en ppm, l’acronyme préféré des peat geeks (faites le test!). Le storytelling des distillerie nous encourage à croire que plus le nombre de ppm est élevé plus le whisky sera tourbé: l’effet waouh du phénol, dont Octomore a poussé le curseur au max.
Le hic? Les ppm sont mesurées sur le malt. Logique, puisque les phénols se fixent sur l’orge lors du maltage, au moment du kilning (séchage au four): la fumée phénolique dégagée par la pyrolyse de la tourbe dépose ces molécules sur l’enveloppe de la céréale, le husk. Pour faciliter les échanges commerciaux, il n’est pas complètement idiot que les malteurs aient pris l’habitude de ppm-iser (oui, j’invente des mots, à rebours de l’époque qui les supprime) le grain. Il est plus discutable que l’industrie du whisky ait perpétué cette convention.

À la drèche, les phénols!
Car à l’arrivée, dans votre verre, 50 à 80% des ppm se seront esbignés, dans des variations très notables selon l’équipement et les procédés de fabrication. Les rarissimes marques et distilleries qui, dans un soucis de transparence, ont pris l’habitude de communiquer les ppm analysés sur le liquide – AnCnoc, Ailsa Bay, Torabhaig, Meikle Tòir… – donnent un aperçu de la grande évasion. Prenez la cuvée Cnoc Na Moine de Torabhaig: 78,4 ppm sur l’orge (waouh) mais… 19,7 ppm dans le whisky (oups). Tandis que le Peathart d’AnCnoc affiche 34 ppm sur l’orge et 13,3 ppm dans la quille.
Alors « la » question à 12.000 ppm: où sont passés les phénols? En fait, ils s’évanouissent à chaque étape ou presque de la fabrication. Au broyage, d’abord, puisque l’enveloppe de l’orge où ils se fixent se dissémine en partie à la sortie du moulin. Lors du brassage ensuite, à des degrés divers selon que le moût est plus ou moins filtré. La plupart du temps, le husk tamise le moût au fond du mashtun… et les phénols partent dans la drèche.
A la fermentation, ça se complique. Bien que le débat ne soit pas tranché dans la recherche, d’autres phénols semblent se créer pendant cette étape, sans que l’on sache s’ils participent au profil tourbé du whisky.

De la fumée sous les queues
Mais c’est la distillation qui fait le grand ménage dans les ppm. « Ces molécules lourdes ne veulent pas être distillées! », insiste Barry Harrison, chercheur au Scotch Whisky Research Institute. De fait, leur point d’ébullition est beaucoup plus élevé que l’éthanol, les esters ou l’eau. Le guaiacol et les crésols, par exemple, familles de phénols apportant respectivement des notes cendrées, camphrées et des arômes médicinaux se dispersent aux environ de 200° C, détaille-t-il dans l’indispensable ouvrage de Mike Billett, Peat and Whisky, the Unbreakable Bond.
Les composés les plus lourds s’envoient donc en l’air dans l’alambic vers la fin de la distillation, et notamment dans les queues: par conséquent, les coupes sont souvent ajustées à la baisse quand on distille du whisky tourbé.
Une distillation lente, en provoquant davantage de reflux (et de contact avec le cuivre purificateur du pot still), dégommera davantage de ppm. Le volume de queues (plus tourbées, donc – merci de suivre ou de faire semblant) réinjecté dans la seconde distillation influence également le résultat.

Parlons de l’arrière-train des molécules
Evidemment, la forme, la taille, la charge de l’alambic, la présence ou non d’un purificateur et l’inclinaison du col, en minimisant ou maximisant le reflux jouent un rôle déterminant. Ce qui explique que Caol Ila, qui utilise le même malt à 35 ppm que Lagavulin, offre un ressenti moins tourbé que sa frangine de Kildalton.
Inutile de préciser que dans un alambic peu chargé, très haut et armé d’un col ascendant, les phénols vont avoir bien du mal à hisser leur petit popotin fumé, et retomberont dans le pot still tant qu’ils ne se seront pas allégés.
Mais, là encore, mieux vaut ne pas raisonner en termes de quantités de phénols: certains types de congénères ont un impact démesuré à des taux de détection très bas. Un peu comme le sel ou le poivre dans la cuisine: ajoutez-en 2 cuillérées à café dans votre assiette de purée et vous ne sentirez plus les patates!
Reste le vieillissement, sans doute l’étape qui offre le plus matière à questionnement. Quiconque a goûté des whiskies tourbés très âgés sait que les phénols disparaissent avec le temps. Mais ce n’est pas aussi simple.

 

Le whisky de malt américain enfin légal aux Etats-Unis ..

Après plusieurs années d’attente, le TTB (organe de régulation des boissons alcoolisées aux USA) a entériné les caractéristiques du whisky de malt américain, qui n’avait jusqu’alors pas de définition légale.

Selon cette définition, ce malt doit répondre aux conditions suivantes :
• être issu de 100 % d’orge malté produit aux Etats-Unis.
• être distillé au taux maximum de 80 % d’alcool.
• être vieilli dans des fûts de chêne qui peuvent être neufs, ou déjà utilisés ou encore brûlés,       d’une capacité maximale de 700 litres, et dans des chais aux Etats-Unis.
• aucun ajout d’alcool neutre.
• pas de coloration, d’agents aromatiques ou autres ajouts, sauf pour celui de caramel, ce qui   doit être indiqué sur l’étiquette.
• vieillissement minimum de 2 ans.

Le plus vieux whisky français mis en bouteille …

Il s’agit d’un 21 ans d’âge, élaboré par la distillerie Rouget de Lisle à Bletterans (Jura). Ce BM Signature (avec les initiales de Bruno Mangin, créateur de la distillerie-brasserie) provient d’un ex-fût de vin jaune, rempli en 2003, et il n’en restait que 125 litres après 260 mois de vieillissement. De quoi remplir 168 bouteilles de 70 cl.

Titrant 52,14°, il est commercialisé par la société Free Spirits Distribution au prix de 320 euros. Ce lancement ayant été annoncé en décembre 2024, il ne doit plus rester beaucoup de bouteilles disponibles…

Bruno MANGIN et son BM Signature de 21 ans

 

Cette langue artificielle peut analyser votre whisky mieux que personne …

La langue artificielle pourrait aider à lutter contre la contrefaçon et à contrôler la qualité du whisky. Des chercheurs de l’Université de Glasgow ont annoncé ce mardi 6 août avoir mis au point une “langue artificielle” capable d’analyser les nuances subtiles du whisky pour contrôler sa qualité de fabrication ou lutte contre la contrefaçon.

Ce dégustateur miniature peut faire la différence entre un whisky d’une même marque vieilli dans des fûts différents avec une précision de 99%. Ou faire le tri entre des whiskies âgés de 12, 15 ou 18 ans.

“Nous appelons cela une langue artificielle parce qu’elle agit de la même façon qu’une langue humaine”, explique Alasdair Clark, de l’école d’ingénierie de l’Université de Glasgow.

“Comme nous, elle ne peut pas identifier individuellement les produits chimiques qui rendent le café différent du jus de pomme, mais elle peut facilement faire la différence entre des mélanges chimiques complexes”.

Concrètement, le whisky est versé sur un damier constitué de minuscules morceaux d’or et d’aluminium agissant comme des “papilles gustatives”. Au contact de l’alcool, les deux métaux vont renvoyer une lumière différente, dont l’analyse permettra aux chercheurs d’établir un profil statistique du whisky testé.

Les chercheurs destinent cette “langue artificielle” au contrôle de la qualité des whiskies, mais aussi à la lutte contre le commerce florissant de l’alcool de contrefaçon. La méthode a ainsi permis de découvrir que plusieurs bouteilles de whisky, censées être d’une très grande
valeur, étaient en réalité fausses.

“En plus de son potentiel évident pour l’identification des alcools contrefaits, elle pourrait être utilisée dans les tests de sécurité alimentaire”, voire “dans n’importe quel domaine où une méthode de dégustation portable et réutilisable peut être utile”, assure Alasdair Clark.

L’annonce de cette “langue artificielle” a été saluée par le secteur. “Nous serions vraiment ravis d’avoir quelque chose qui aiderait à éradiquer la contrefaçon du whisky”, a déclaré Annabel Meikle, directrice de la confrérie Keepers of the Quaich, qui défend les intérêts du whisky écossais.

Pas de quoi menacer immédiatement le travail des master blenders, ces experts chargés d’élaborer l’assemblage des whiskies et d’évaluer leur qualité. Mais la “langue artificielle” pourrait en revanche remplacer certains contrôles de routine réalisés par des hommes, estime Annabel Meikle.

                                                                                  Par Bénédicte Magnier avec AFP – Huffpost

LE WORLD WHISKY DAY C’EST QUOI ?

Vous êtes prêt à plonger dans le monde envoûtant du whisky ? Alors, attachez votre ceinture et préparez-vous pour un voyage à travers l’histoire, les coutumes et l’impact du World Whisky Day !

Tout d’abord quelques dates clefs dans l’origine du whisky.

Les Irlandais et les Ecossais se disputent la paternité du whisky depuis de nombreuses années, alors que la distillation alcoolique a été inventée en Italie au 12ème siècle et que la distillation hydraulique existe depuis l’an 700 de notre ère.

Il faudra attendre 1494, pour avoir la première mention d’une eau-de-vie distillée à base de malt en Ecosse. Elle figure dans un livre de compte dans lequel il est question de l’achat de « huit balles de malt par le frère John Cor sur ordre du roi, pour la fabrication d’aqua vitae ».

Il faut savoir qu’en 1505, toujours en Ecosse, l’usage d’eau-de-vie et sa distillation est un privilège accordé aux chirurgiens barbiers à des fins médicales. Par la suite, Le roi anglais James IV récompensera quelques fidèles en 1608, en Irlande en accordant les premières licences de distillation. C’est en 1736 que le terme gaélique «uisge beatha » désignant l’eau-de-vie de malt apparaît. Il faudra attendre 1755 pour que le terme whisky figure dans le célèbre Dictionary de Samuel Johnson.

Si l’histoire du whisky connait moultes rebondissements en Ecosse, en Irlande puis aux Etats-Unis, il faudra attendre 1923 au Japon avec la création de la distillerie Yamazaki puis 1997 en France avec la distillerie bretonne Warenghem pour que le whisky continue son essor à travers le monde. Aujourd’hui, le whisky est une boisson connue et reconnue dans le monde entier, alors pourquoi ne pas lui dédier une journée ?!

Remontons aux origines de cette journée dédiée à l’eau-de-vie de malt. C’est en 2012 que Blair Bowman, un passionné de whisky, a eu cette idée géniale : pourquoi ne pas créer une journée dédiée à célébrer notre boisson maltée préférée ? Depuis lors, le troisième samedi de mai est réservé à cette fête mondiale du whisky.

Imaginez-vous déambuler dans les distilleries, participer à des ateliers de dégustation, ou simplement siroter votre dram préféré dans un bar spécialisé. Le World Whisky Day, c’est tout cela et bien plus encore ! C’est l’occasion parfaite de rencontrer d’autres amateurs, d’échanger des anecdotes sur nos whiskies favoris et, bien sûr, de découvrir de nouveaux breuvages à ajouter à notre collection.

Mais le World Whisky Day ne se limite pas aux plaisirs de la dégustation. Il joue un rôle important dans la promotion de la culture du whisky à travers le monde. En mettant en lumière la richesse et la diversité des whiskies de différentes régions, il encourage le tourisme dans les terres de distillation et renforce les liens entre les amateurs passionnés, peu importe où ils se trouvent sur la planète. Et parlons des impacts économiques ! Les ventes de whisky grimpent en flèche grâce aux promotions spéciales et aux événements organisés spécialement pour cette journée. C’est une véritable fête pour les papilles et l’économie !

Alors, que vous soyez un néophyte enthousiaste ou un vétéran chevronné du whisky, le World Whisky Day est une date à marquer d’une pierre blanche dans votre agenda. Préparez-vous à trinquer et à partager l’amour du whisky avec le reste du monde !

Slainte !

Marie-Sophie Girodet-Bourhis
Experte spiritueux