Problème de goût ou problème de coût ?

Après avoir longtemps servi à transporter le vin, le tonneau de bois de nos ancêtres les Gaulois est devenu dans une époque récente un auxiliaire incontournable pour l’élaboration puis le vieillissement des meilleurs vins et des plus belles eaux de vie, apportant les tanins et le bouquet  « avec le temps  »  …

La tentation fut trop grande pour ne pas recourir à la macération de morceaux de bois bruts ou torréfiés, copeaux de chêne ou autre essence, depuis la sciure jusqu’aux bûches et poutres en passant par granulats, planches et diverses douelles et se passer du tonneau traditionnel ! Cela explique (mais n’excuse pas !!) que de nombreux vignobles d’Amérique du Nord et du Sud, d’Australie ou de Nouvelle-Zélande, de par le monde, aient cédés depuis belle lurette à cet artefact, pour produire des vins ‘’vieillis’’ avec des copeaux de bois.

En 2009 dans la foulée de ces « alchimistes » qui transformaient le fruit de la vigne en or, Bruxelles accepte que les viticulteurs européens puissent plonger des morceaux de bois dans les cuves afin d’accélérer « l’effet de vieillissement des vins de pays », et autorise des expérimentations pour les AOC ! Ce fut un nouveau cheval de Troie mais au fond des cuves ! Seule obligation, l’utilisation du chêne « quercus », habituellement utilisé pour fabriquer les tonneaux.

Et tout cela à moindre frais. La technique est peu coûteuse, dix à vingt fois moins chère que le vieillissement en barrique pour un bon cru.

« Et maintenant que vais-je faire ? de tout cela…. » dit l’artiste. « Que serais-je sans bois ? » répondit Ferrat … Pourquoi ne pas tenter l’expérience dans les eaux de vie ? Et par un coup de baguette magique transformer un aimable et anonyme distillat en nectar dont l’âge est insoupçonnable.

Déjà certains ont franchis le Rubicon, Copper Fox aux Etats Unis, Compass Box aussi, la copie à la place de l’original…Et combien de temps résisteront les détenteurs de la tradition ?

De même que nos jeunes têtes blondes ont perdu toute notion de chronologie au travers de l’enseignement « moderne » de l’Histoire, à ce rythme là nous aurons bientôt oublié dans quelques années, toute notion d’âge et de millésimes dans ces belles choses issues du travail des hommes.

Slainte !

Gérard TRENTESAUX