Archives par étiquette : clan

TOUT FEU TOUT FLAMME

Dans cette expression familière, le « feu » symbolise le plus souvent l’ardeur de nos sentiments et cette comparaison est renforcée par le tout et par la flamme, qui fait redondance avec le feu.  » Tout feu tout flamme », exprime l’enthousiasme vers l’objet de notre admiration, de notre désir, voire de notre passion, aussi bien vers la chose inerte que vers le vivant, alors nous pourrions tout aussi bien l’employer à propos de certains whiskies que nous apprécions particulièrement et qui déclenchent lors de leur dégustation les plus vives sensations!

Mais au delà de l’expression imagée, nous sommes aussi bien dans la réalité avec le « feu » qu’entraîne parfois la puissance de l’alcool dans notre délicat organisme, cette sensation particulière de brûlure qui accompagne notre whisky depuis nos papilles, et masque parfois la complexité des arômes. Heureusement nous sommes loin de « l’eau de feu » destinée aux « natives » et qui n’était que des alcools frelatés destinés à favoriser le commerce des peaux avec les indiens.

Avant d’arriver dans votre dram, votre whisky ou plutôt ses composants ont du subir l’épreuve des flammes tout au long des différents stades de son élaboration. Sans feu, sans flamme pas de whisky. Parlant de ces eaux de vie on évoque le plus souvent l’orge, cette céréale modeste qui vient plutôt sous des climats rudes, la tourbe, combustible du pauvre, l’eau des Glens, l’alchimie des alambics, le bois des buts et autres hogsheads, mais la flamme reste le lien entre ces différents éléments.

Même si hélas pour des raisons économiques, le chauffage à l’air chaud tend à remplacer le séchage traditionnel, c’est dans les kilns, ces étranges cheminées en toit de pagode, que la flamme commençait son travail. Consumant les humbles briques de tourbe mêlée au charbon de coke elle va permettre de stopper la germination du malt et l’imprégner de façon indélébile d’arômes phénoliques plus ou moins importants.

Dans les alambics le chauffage interne à la vapeur, remplace progressivement le chauffage direct au charbon qui avait peu évolué depuis les alambics artisanaux chauffés directement sur la flamme du combustible dont on disposait. Les temps changent.

Si l’on retrouve souvent des notes de caramel et de vanille dans la palette aromatique d’un whisky c’est le flambage des fûts qui en est à l’origine, en particulier les fûts de Bourbon, qui sont véritablement brûlés au chalumeau après l’assemblage des douelles. Ce flambage arrondi les tanins résineux du bois et fait ressortir la vanilline et les sucres. Encore fallait-il le trouver.

Albert Einstein résumait cela simplement en disant «  L’imagination est plus importante que le savoir ».

Slainte

Gérard TRENTESAUX

Bonne année

FELICE ANNO NUEVO,
A HAPPY NEW YEAR,
EIN GUTES NEUES JAHR

Bonheur, santé et prospérité,
Parmi les vœux échangés, il s’agit certainement des plus courants, encore faut il savoir si nous y mettons du sens ou si cela n’est qu’une formule. Le bonheur, notre capacité à être ou à rendre heureux ? Santé, sans doute une façon d’oublier nos petits tracas physiques ou intellectuels. Quant à la prospérité, doit elle être matérielle ou morale ?

Vous êtes pour la plupart de la génération des ‘’Baby boomers’’, pleins de projets, avec leurs références et leurs icônes, soucieux de préserver l’émotion, la solidarité, la création de bien être, souvent éloignés des préoccupations des générations précédentes, mais le Clan regroupe heureusement aussi des seniors apportant leur expertise, et des plus jeunes, curieux d’apprentissage et de découvertes.

Alors pour vous tous, nos amis du Clan, dans ces vœux nous mettons d’abord de la chaleur, de l’amitié, de l’attention. Au-delà de nos passions pour de divins breuvages, ce sont ces sentiments qui doivent animer nos soirées, nos voyages, nos contacts et ce qui fait la richesse et l’esprit du Clan.

Si 2009 nous a permis de faire de belles découvertes, des soirées d’exceptions comme la verticale Glenfarclas, notre fête du Malt autour d’Ardbeg et Glenmorrangie, notre soirée de décembre pour retrouver les fleurons de l’année, ce fut aussi en Octobre la réussite d’un périple organisé avec maestria par Tony Terrain et Jean Marc Danquigny dans le Speyside.
En 2010, souhaitons nous le meilleur… et nous y travaillons humblement mais avec détermination !

Slainte
Gérard TRENTESAUX

VOUS AVEZ DIT COTISATION ?

Par définition « La cotisation est une somme d’argent permettant de financer les frais de fonctionnement d’une association. Elle ne donne pas lieu à une contrepartie pour l’adhérent. Elle ne doit pas représenter le prix d’un bien ou d’une prestation de services.

Son montant peut être fixée par le bureau, le conseil d’administration ou l’assemblée générale Il n’existe ni minimum ni maximum, mais son montant doit correspondre aux besoins de l’association ».

Ah quelle rigueur dans ces dispositions réglementaires ! Dura lex, sed lex, comme le disait en son temps le proverbe latin.

Le Clan ne faisant l’objet d’aucune subvention, ni de dons, ni d’aucun revenu occulte, il est obligé de faire appel à ses membres pour que ses coupables activités perdurent. Hors des cotisations point de salut. Sinon, pas de lettres, pas de mailing, pas d’effort de promotion, d’assurance non plus, ou encore de frais de siège. Encore avons-nous reculé l’acquisition d’une voiture de fonction pour le président…à sa grande déception!

Comme le démontre brillamment Christian Pennequin, votre grand argentier, lorsqu’il intervient au cours de chaque assemblée générale, les cotisations sont indispensables au fonctionnement de l’association, certes, mais encore faut-il démontrer qu’une augmentation raisonnable ne fait que compenser les augmentations des différents frais tout en gardant une trésorerie saine. Les tableaux et différents camemberts sont là pour vous convaincre.
Comme pendant les soldes, il est certains chiffres que certains se refusent semble t il à dépasser, et il y a sûrement du symbolique dans tout cela, et les professionnels ne s’y trompent pas quand il affichent ce merveilleux ensemble à 99,99 euros ! Il en est de même pour les cotisations au Clan des Grands Malts.

Lors de l’assemblée générale d’avril 2008 tenue au restaurant du stade Jean Bouin, sur proposition d’un certain nombre de membres, la cotisation a été portée à 60 euros après avoir été maintenue pendant trois longues années à 58 euros…. Sans aucun doute pour certains d’entre vous fallait il proposer 59,99 euros, pour qu’ils acceptent de modifier leurs habitudes. Aussi recevons nous encore régulièrement des courriers de réadhésion assortis d’un modeste chèque de 58 euros ! Ou encore une demande avec bouteille de souscription à 119 euros au lieu de 125 euros.

De même, et par souci d’équité, sans tenir compte de l’année civile, nous proposons le renouvellement de votre cotisation à la date anniversaire de votre adhésion au Clan. Malgré nos courriers successifs c’est parfois après trois mois, six mois voire un an que certains nous font parvenir leur obole. Bien sûr ce sont des oublis, des retards sans conséquence, sauf pour notre gestion que nous souhaitons poursuivre ‘’en bon père de famille’’.

A nos amis délégués régionaux, de diffuser la bonne parole, de distribuer les documents à jour, et de nous aider dans notre merveilleux bénévolat.

Gérard TRENTESAUX

LA GUERRE DES BOUCHONS

Si l’apparence, le plumage, le maquillage, ont pour souci d’attirer et de séduire, nos whiskies n’échappent pas à ce besoin de plaire et l’on voit depuis longtemps évoluer l’étiquetage et la forme des flacons, pour aimanter l’œil et la vue. Déjà en1863, John Dewar créait les premières étiquettes en papier et Berry Bross en son temps créait un logo surprenant avec Cutty Sark. Les spécialistes en marketing redoublent maintenant d’imagination pour que la forme, la couleur des embouteillages, l’appellation donnée à tel ou tel, captent l’attention de l’amateur.

Aussi belles soient-elles, si l’on ne veut pas que le contenu s’écoule ou s’évapore (élémentaire, mon cher Watson !) ces bouteilles se doivent d’être fermées et nous n’échappons pas au débat sur les différents modes d’occlusion qui agitent le monde du vin. Déjà en1912 : William Berguis pour Teachers, invente le bouchon de liège réutilisable et en 1925 la distillerie White House crée la capsule à vis pour son whisky.

Quel avenir pour nos bouchons traditionnels et le liège a-t-il vécu ? Pourtant, que ne lui fait on subir pour qu’il soit parfait : la sélection des meilleurs chêne-liège, le plus beau aura le moins de trous possible, pour s’approcher de ce modèle (beau et cher…) on lui bouchera les pores, on le reconstituera avec des granulés et de la colle, on lui mettra des rondelles au dessus et en dessous, on le traitera avec du co2 hypercritique pour éviter cette plaie qu’est le goût de bouchon. Hantise du récoltant éleveur, du caviste, du sommelier, cette odeur de cave, de moisissure, de pourri, de poussière, de vieille barrique abandonnée, mais pas de liège, est acceptable en visitant des chais (un lieu propre au recueillement et non pas à la critique olfactive), mais pas dans nos verres. Les responsables : certaines moisissures produisant des dérivés chlorés en particulier le tristement célèbre 2,4,6-trichloroanisole, fermer le ban ! Si dans l’œnologie ce problème est constant, il n’est pas sûr que les eaux de vie y échappent toujours.

Pour le vin, matière vivante, le liège étanche, souple et poreux, permet son évolution, pour nos whiskies presque immuables un fois scellés, celui-ci subit quelques critiques. Rangés à la verticale, le liège subira un dessèchement néfaste, allongés, l’altération du bouchon par l’alcool sera inéluctable. Alors pourquoi ne pas se tourner vers de nouveaux produits.

Après le traditionnel bouchon en liège, on a vu apparaître les bouchons synthétiques (polyéthylène, sbs, eva), mais qui évolueront mal au fil du temps, le bouchon en verre avec un joint d’étanchéité parfaitement étanche, des capsule à vis avec des joints variés : étain, liège reconstitué, polyéthylène, alliage de vinyle (Saranex), selon l’échange gazeux souhaité.

Passer du bouchon traditionnel en liège, aux bouchons synthétiques, puis aux bouchons en verre et à la capsule à vis, c’est bien sûr moins de charme, nous oublierons peut-être le bruit du liège se libérant son manchon de verre… mais ce sont des avantages auxquels ne résistent plus de nombreux professionnels de l’embouteillage.

Alors si de nouveaux bouchons leur assure stabilité et régularité, quel est le meilleur moyen de conserver nos chères (à notre cœur et à notre portefeuille) bouteilles? Ce serait évidemment de ne pas les boire…… Assurons leur une pénombre propice à leur repos, visitons les régulièrement, leur parler est inutile, en attendant de se réconforter régulièrement entre amis avec l’une d’entre elles.

Slainte,
Gérard TRENTESAUX

LE MONDE BOUGE ET LES TEMPS CHANGENT…LES GENS AUSSI

L’autre soir, avec un ami, je dégustais de la main droite un dram d’un vénérable et regretté Brora embouteillé pour le Clan il y a quelques années, de la main gauche un Roméo et Juliette « exhibition n°4 », enveloppés par les volutes bleutées du cigare, et le regard égaré dans la transparence ambrée du whisky, nous écoutions la voix troublante de Billie Holiday.

Dans une plénitude hédoniste nous savourions un moment de pur délice, et échangions sur le Clan, sur ses membres et leur diversité qui en fait la richesse.

Ceux là nous ont quittés, ceux ci nous ont rejoints, avides de découvertes, et puis, les amis de la première heure sont encore là toujours nombreux. Parmi ce petit monde, des curieux, des rêveurs, des ingénieux, des ingénieurs, des drôles, des intellectuels, de doux dingues, des bricoleurs, des encyclopédiques, des collectionneurs, des passionnés, des jeunes et des moins jeunes, des détachés, des poètes, des sérieux, mais que lie leur passion commune et que relient le plus souvent la solidarité et l’amitié.

Et puis surtout, sans atteindre encore à la parité lors de nos rencontres, nos amies, nos compagnes sont toujours plus nombreuses à partager ces moments de détente, détruisant ainsi le mythe d’un plaisir exclusivement dédié au masculin !!

Au fil du temps, les lieux qui nous accueillent changent aussi et c’est ainsi. Hier c’était encore Bercy, le Cercle Républicain, les deux Bouchons, l’Autrement Dit, les Feuillantines, l’An II, les Galopins, où nous avons passé tant de bons moments. Aujourd’hui, c’est Génicourt, la taverne du petit Wasquehal, le Meurice, Quelques saveurs du Sud, Saint Cyr sur Loire, et plus récemment le Bar Belge ou Patrick Lemaire nous a reçu chaleureusement.

Si les gens, si les lieux changent, que dire de nos comportements, de notre curiosité, de nos goûts, de notre façon de déguster. Que dire de nos whiskies, souvent façonnés par la diversité des affinages, et par la tourbe appliquée au millimètre, quand elle ne fut longtemps qu’approximative ? Aurait-on, il y a quelques années, proposé à nos invités un dîner au whisky? Lors de nos premiers voyages, nous surprenions les Ecossais eux-mêmes en leur domaine, par nos lubies de Frenchies. Martine Nouet, écrivain et cuisinière émérite, grande prêtresse de la cuisine au whisky et des compositions insolites, nous a surpris puis séduit par l’originalité des alliances aromatiques et de saveurs inédites, donnant par là même une autre façon de flatter nos papilles, par des rencontres étincelantes et inventives.
Quelques grands chefs s’y risquent avec bonheur, bien loin de l’alchimie de la cuisine moléculaire, profitant des infinies variations apportées par les innovations en matière de finitions que des précurseurs comme Balvenie ou Glenmorrangie ont initiés il y a de nombreuses années.

Dans quelques jours c’est l’explosion du printemps, soyons optimistes, le Clan n’a pas fini d’évoluer et le whisky de nous étonner.

Gérard TRENTESAUX

Felix sit annus novus

Préférez vous le gaélique Irlandais ath bhliain faoi mhaise.
Ou plutôt comme en Bretagne : Bloavezh mad, yec’hed mad ha prosperite, hag ar baradoz da fin o puhez. Ou bien encore l’obliadhna mhath ur en gaélique d’Ecosse ? Il est vrai que même à l’occasion des vœux nous montrons notre incapacité à dominer les langues étrangères…

Il est toujours délicat d’adresser ses vœux avec plusieurs semaines de retard. Mais pour notre défense, les alibis ne manquent pas : le courrier, la sélection, le temps qu’il fait, l’imprimeur, le temps qu’il faut, l’édito du président encore en gestation…..Mais selon que l’on adopte tel ou tel calendrier, avec des traditions variables d’une société à l’autre, nous pourrons admettre une certaine fantaisie puisqu’un grand nombre de jour de l’an sont fêtés entre le solstice d’hiver et l’équinoxe de printemps, influencé par le cycle des saisons, les traditions, les édits promulgués par tel ou tel pour essayer de mettre un peu d’ordre dans tout cela et faire correspondre, dans le meilleur des cas, cet évènement avec le premier jour du calendrier!

Oui, ce fameux jour de l’an, où l’on va faire des cadeaux réciproques, peut-être héritage des offrandes aux dieux Egyptiens et Romains, souhaiter pour nos proches et nos amis un illusoire bonheur et une improbable prospérité….. et faire des vœux le plus souvent pleins de bonnes intentions. Et ce fameux nouvel an si souvent associé à des traditions culinaires, des graines, des lentilles, des gâteaux de miel en Italie, des fruits lors des douze coups de minuit en Espagne, de la choucroute en Belgique avec une pièce dans la main (ou sous l’assiette), le miso très largement arrosé de saké au Japon, le champagne et le foie gras chez qui vous savez, mais aussi ici ou ailleurs, les pétards, les feux d’artifice, les cotillons et les parades débridées.

Le mois de Janvier doit son nom à Janus, dieu païen du renouvellement, dont l’un des visages regarde vers l’avant, l’autre vers l’arrière. C’est pour nous l’occasion de se pencher sur un passé récent et de regarder vers un futur plein de promesses.
Le passé c’était renouer en octobre dernier avec la tradition des voyages du Clan, dans les Highlands et vers les Orcades, et nous savons tous à qui nous pensions pendant ce voyage. C’était aussi des rencontres à Tours, à Monaco, ou bien encore lors de soirées réunissant des amateurs de cigares et quelques aficionados du whisky. C’était en décembre un week-end chaleureux chez nos amis Lillois autour de Benriach, de la Brasserie Dubuisson, de la Fleur de Houblon chez Guy Dauchy, c’était en octobre la Seine, Jim Mac Ewans et Bruichladdich, c’était la redécouverte des perles de l’année lors de notre soirée parisienne de décembre.

En 2009, ce n’est pas un mais deux voyages que nous préparons! L’un en mai pour découvrir les distilleries Bretonnes, l’autre en automne dans le Speyside, toujours avec des groupes de quinze à vingt personnes. Mais avant cela, c’est sur la cote d’Opale que nous organiserons l’assemblée générale annuelle au cours d’un week-end maritime chez notre ami Jean Claude Cossart. Pour nous le plaisir, pour eux les tracas, c’est cela aussi la vie du Clan.

Slainte
Gérard TRENTESAUX

BRUICHLADDICH OU « LE BORD DE LA COTE »

Si vous avez la chance un jour d’aborder l’île d’Islay par le loch Indall, qui tranche presque l’île en deux, et que lentement le ferry s’approchera de l’embarcadère de Port Ellen, vous pourrez, là en face, un peu en retrait de la grève balayée par le vent salé et l’air iodé, deviner Bruichladdich la belle du loch. (Pour imiter la prononciation locale nous dirons « Brewick laddie »).

Ses bâtiments brossés de blanc comme toutes les distilleries de l’île se dévoilent au détour de la route venant de Port Charlotte. Là, dans d’anciens entrepôts de la distillerie Lochindaal sommeillent encore de nombreux fûts de la distillerie, richesse du passé et promesse pour l’avenir. Là où la terre et la mer se mêlent intimement, ces fûts respireront pour un temps les embruns et les algues, et dans une secrète alchimie transmettrons un jour à nos sens les effluves de l’île.

Le 11 octobre dernier, Jim Mc Ewan nous faisait l’honneur d’être notre invité lors de notre soirée de gala et d’être l’ambassadeur de la distillerie Bruichladdich, et chacun pu tout au long de la soirée mesurer sa générosité, admirer son expertise, et apprécier sa personnalité.

Jim est un Ileach pur jus, il est né sur Islay, il fut, adolescent, apprenti tonnelier dans l’une des distillerie de l’île, puis fit son apprentissage en tout ce qui concerne l’élaboration du whisky, et c’est le plus naturellement qui devint master distiller chez Bowmore pendant de très nombreuses années. Autrement dit rien de ce qui concerne la magie de ce breuvage ne lui est étranger ! Infatigable laudateur de son île, de cette nature sauvage encore pour un temps préservée, et de ses whiskies dans leur infinie complexité, il défend maintenant avec énergie les couleurs de Bruichladdich, associé incontournable de Mark Reynier en assurant la direction de la production.

Comme souvent en Ecosse, l’histoire de la distillerie Bruichladdich fut mouvementée, achats et rachats se succèdent, menace de démantèlement puis mise en sommeil peu après son acquisition par Whyte and Mackay, enfin après plusieurs années de difficiles tractations avec Fortune Brands, Mark Reynier et ses associés de chez Murray McDavid, Simon Coughlin Gordon Wright et Andrew Gray, réalise son rêve en 2001 en prenant le pari de l’indépendance de l’originalité et de la qualité.

Depuis, profusion d’assemblages d’ages et de styles différents, infinies variations sur les finitions, bousculant la tradition de whiskies sages et non tourbés, Jim n’en finit pas de nous étonner. Alchimiste passionné de nouvelles gammes, il manie saveurs et arômes pour susciter nos émotions. Mais Mark Reynier, Jim et leurs associés restent soucieux de maintenir la tradition en conservant cuve de brassage à ciel ouvert, cuves de fermentation en pin d’Orégon, safe, spirit still présents depuis la création de la distillerie en 1881, et la typicité de leur terroir au travers des apports de son sol, de ses sources et de son climat.

Ivehor Brown disait… Lentement savouré et non ingurgité d’un trait, le whisky peut être une boisson méditative et philosophique.
C’est sans doute dans cette part de rêve que s’inscrit la démarche de Bruichladdich.

Slainte !

Gérard TRENTESAUX

QUAND ON AIME, ON NE COMPTE PAS…

Encore une tradition du Clan, quelques stakhanovistes du whisky, restés début août à Paris, se recueillirent devant quelques belles bouteilles distinguées au cours de l’année. L’occasion pour eux d’évoquer le passé et de discuter du présent, du prix des belles bouteilles ou de leur rareté, de regretter celle-ci ou celle-là qui ne seraient plus que des souvenirs.

Déjà en 1997, notre ami François-Xavier Dugas, dans un discours prémonitoire (désormais célèbre…..) devant l’assemblée constituante du Clan des Grands Malts, évoquait l’envolée des cours et la raréfaction de l’offre des single malts, liés aux problèmes de change et à la demande très forte des marchés émergents (déjà eux !!)

Et pourtant quelle belle époque, où pour une poignée de dollars, l’amateur du Clan semblait pouvoir s’offrir de rares et fabuleuses bouteilles encore méconnues du vulgum pecus: Un Port Ellen 18 ans à 380 francs, un Highland Park 24 ans à 590 francs, ou encore débourser 450 francs pour un Ardbeg 75, le Macallan 19 ans ne valait encore que 425 francs et le Bowmore 17 ans 355 francs. Quant au Dalmore 22 ans, il paraîtrait donné.

L’acteur Chic Murray tournant en dérision la réputation d’avarice des Ecossais, racontait: « Mon père était plus généreux que bien des hommes. Il possédait une très belle montre en or, qu’il a accepté de me vendre sur son lit de mort. Cette montre à laquelle je tenais, je la lui ai payée par chèque…. »
On pourrait tenir nos amis Ecossais pour seuls responsables de l’envolée des prix et de la plus grande rareté des beaux produits, ou encore les groupes soucieux de développer des produits ‘’ premiums’’, ou la demande des nouveaux consommateurs (mais n’étions pas de nouveaux consommateurs il y a quelques années ?), et pourquoi pas les distributeurs, le prix de l’orge, ou encore la notoriété de tel ou tel, la confidentialité de tel autre ? Plus simplement, comme pour le pétrole, le whisky obéit aux lois du marché, à l’offre et à la demande, et pourquoi devrions nous y échapper ?
Le pétrole sans doute encore indispensable pour se déplacer, le whisky pour rêver peut-être, comme pour le pétrole, quel prix sommes nous prêts à accepter avant de réduire notre consommation ou notre fièvre de collection. L’éternelle discussion, et cela vaut pour bien des choses.

Pourrons nous maintenir dans les années futures une démarche hédoniste où la recherche du plaisir est un fondement de la morale, ou bien Epicuriens ou disciples de Lucrèce, nous devront nous affranchir de nos passions pour atteindre au plaisir.

Restons optimiste, on pourrait dire ’’ les choses ont bien changé’’, des règlements chaque jour plus contraignants, des prix souvent dissuasifs, des perles inaccessibles, la fièvre des enchères sur Internet et pourtant le marché ne s’est jamais si bien porté !
Le Clan non plus d’ailleurs, toujours à la recherche du bon et du vrai, pour dénicher de ci de là l’exception qui nourrira nos souvenirs.

Slainte,

Gérard TRENTESAUX

L’AVENTURE, C’EST L’AVENTURE

Dans quelques jours, dans quelques semaines, la plupart d’entre vous partirons en vacances, certains vers des contrées lointaines, d’autres vers le calme des soirées entre amis dans un lieu familier, ce sera encore pour beaucoup les retrouvailles familiales qui marqueront cet été, avec le « blending » des générations, la cuisine en plein air et les cocktails improvisés.
Où que vous soyez, le plaisir des vacances c’est aussi la promesse de découvertes, d’évasion parfois, le besoin de flâner, le hasard des rencontres, et sous tous les climats la curiosité vers des choses inhabituelles. Alors pourquoi ne pas voyager un dram dans vos bagages, et aller à la découverte de whiskies insolites ?

Sans quitter l’hexagone, vous pourriez en Bretagne, vous diriger vers Pleubian et la distillerie Glann a Mor qui distille des whiskies originaux, soucieuse de rivaliser avec les meilleurs, vers Lannion c’est l’ARMORIK et le WHISKY BRETON que vous pourrez tester, ou encore vers la distillerie des Menhirs à Plomelin qui élabore l’EDDU à base de froment. Guillon en Champagne, Michel Couvreur à Beaune, même sans racines Gaëliques la passion les anime et sont prêts à la partager !

Chez nos amis corses, la gastronomie ce n’est pas seulement le gibier, le brucciu, les poissons de roche et les vins de Patrimonio, c’est aussi le PM de la brasserie Pietra: les saveurs du maquis alliées au parfum du muscat.

Mais si c’est vers les Pyrénées et l’Espagne que vous mènent vos pas, vous n’aurez aucun mal à dénicher le DYC ou le DOBLE V (rappellerai-t-il un certain LABEL 5 ?) avec lesquels nos voisins Ibériques, non contents de sacrifier leurs taureaux, essaieront de vous mettre à terre.
Si le souvenir du brave soldat Svejk vous ramène vers la Mittle  Europa , si la nostalgie de Prague la baroque, le pont Charles, le fantôme du Golem vous attirent, alors vous goûterez peut-être le PRINTER’S au bar de l’hôtel Europa.

Chez nos voisins allemands le SCHWÄBISCHER (évidemment d’origine Souabe comme son nom l’indique…) et le RACKE RAUCHZAT (d’origine plus incertaine, peut-être distillé en Ecosse) pourraient vous distraire de l’habituelle saucisse-bière.
Remontons vers le nord et la Suède pour tester (pourquoi pas ?) le MACK MYRA.

Quittons maintenant l’Europe, que ce soit sac au dos avec le « Routard » en poche, ou de palaces en palaces pour les mieux fortunés, il semblerait que peu de pays échappe, hélas, à l’aventureux challenge de l’élaboration d’un whisky. Et nous ne pourrons pas toujours échapper à la fureur de distillateurs démoniaques soucieux de doter leur pays de breuvages incertains.
Vers les Indes ce serait le GOLD CROWN ou mieux le AMRUT, en Thaïlande le MAEKONG, en Turquie l’ANKARA (dit malt wiski….), a Chypre le OLD OAK, en Egypte le AULD STAG, en Syrie le SHAM ( A propos duquel j’ai lu ce commentaire «  l’eau rance d’Arabie »).Que d’imagination !

Mais montons maintenant vers des sommets bien réels si ce ne sont des sommets dans l’art de la distillation. Après une rapide ascension du Kilimandjaro (5895 mètres malgré tout !) pourquoi ne pas tester le REGENCY dans un bar Tanzanien ? Et si c’est le tour des Annapurnas qui vous tente, vous n’éviterez peut-être pas le MOUNT EVEREST commis par la distillerie Shree à Katmandou. A défaut de vous monter vers des sommets il pourrait bien vous plonger dans l’abîme !

Ces flacons, pour la plupart, s’il vous prenait l’envie d’en ramener, finiraient sur une quelconque étagère comme d’aimables souvenirs de vacances, à moins que vous n’ayez envie d’étonner vos amis en leur proposant d’élaborer de déroutants cocktails exotiques qui «… se fabriquent en secouant une mixture composée des alcools industriels qui vous tombent sous la main. On peut y ajouter de la mayonnaise, du pétrole, du jus de réglisse et de la graisse de chevaux de bois » (Curnonsky). Ces découvertes seront peut-être associées à des moments inoubliables, et nous renverrons à la vanité de nos critiques habituelles.

Gérard TRENTESAUX

ON THE ROAD AGAIN…

« Il est bon de lire entre les lignes, cela fatigue moins les yeux. »
Sacha Guitry

De l’idée au projet il n’y avait qu’un pas, Nous irons donc dans les Highlands en octobre, là où les distilleries sont rares mais appréciées !
Si la ville vous pèse, si la pression des journées qui s’enchaînent devient trop forte, ou tout simplement si vous avez besoin de changer d’air quelques jours, alors vous serez peut-être avec nous pour cette prochaine escapade du Clan.

Nous irons à nouveau nous imprégner des vieux mythes celtiques ou des influences scandinaves des îles du Nord, du mystère des sites néolithiques, des légendes autour de Nessie, et puis de cette nation qui mêle si bien le dynamisme du présent à la nostalgie du passé. Faisant aussi la part belle aux distilleries, que ce soit dans un vallon romantique, sur les landes ventées des îles Orkneys, ou au milieu des austères collines entourant Blair Athol. Ces échappées vers les distilleries nous faisant parcourir des paysages rudes et contrastés, traverser des glens où l’eau ruisselle, longer les criques où affleure la brume de mer ou les roches grises couvertes de bruyères des Northern Highlands.

Laissons nous conduire par Michael Jackson. Qui mieux que lui a décrit l’incomparable fusion entre l’Ecosse et sa boisson nationale : « L’Ecosse est une nation capable, il est vrai, de se dissoudre dans un verre : en y trempant les lèvres, on goûte le fabuleux paysage de ce pays.

Le temps étant le plus souvent compté et laissant peu de place à l’aventure, c’est toujours dans des rencontres fortuites, dans d’imprévisibles découvertes que nous faisons le creuset de nos meilleurs souvenirs. Les voyages du Clan n’échappent pas à cette règle.

Peut-être assisterons-nous à Blair Castle au rituel des Keepers of the Quaich, qui maintiennent l’esprit et les traditions autour du whisky écossais. A Wick, que nous réserve la visite de Pulteney ? Certains d’entre-nous évoquent encore avec émotion la découverte de certains fûts. Et là haut, tout au Nord, pour atténuer la rigueur du climat, goûterons nous au punch chaud fait de bière artisanale, de whisky, de sucre et d’épices qui nous serait servi dans un récipient en bois, comme la grole du pays Valdotain ?

Le but est une chose, le voyage en est une autre, certains écrivains voyageurs, Peter Mathiessen dans sa quête du monastère de Shey Gompa au Dolpo, Georges Shaller dans son hypothétique rencontre avec le léopard des neiges, Nicolas Bouvier dans l’usage du monde, et bien d’autres, l’ont magnifiquement décrit. Alors, souhaitons-le, dans ce prochain voyage comme dans ceux qui l’ont précédé, chacun d’entre-nous y trouvera son lot de souvenirs, d’amitié, de découvertes, dont les compte-rendus ne seront qu’une pâle évocation des moments passés ensemble.

Gérard TRENTESAUX