« Une gourmande opulence »
Construite en 1897, cette distillerie du Speyside n’a fonctionné que trois ans… avant d’être fermée pendant 65 ans ! Mais sa malterie a longtemps été en service. Elle a après sa réouverture connu plusieurs propriétaires : Seagram, Pernod-Ricard, et Brown Forman depuis 2016. Ses malts ont longtemps été destinés aux blenders, mais se diversifient aujourd’hui avec d’intéressantes finitions. C’est une des rares distilleries du Speyside à élaborer plusieurs single malts très tourbés… mais pas celui d’aujourd’hui !
Ambré. Nez gourmand, réunissant le caramel au beurre, le miel et des fruits rouges compotés. Bouche très riche dès l’attaque, à dominante maltée. Fruits confits, orangette et amande, avec le moelleux typique du Speyside. Mais il sait rester sec et épicé jusqu’à la finale, avec une légère présence de café noir.
« Élégante richesse »
Fondée en 1893 par DCL, cette distillerie des Highlands de l’Est a été surtout vouée à alimenter les blenders, tout en connaissant de longues périodes de fermeture. Le premier single malt offi- ciel date de 1989, mais il prit par la suite le nom d’An Cnoc, peut-être par crainte d’une confusion avec la distillerie Knockando. Mais le chassé-croisé entre les deux noms s’est reproduit plusieurs fois depuis, ne facilitant pas la tâche des amateurs. Depuis 2003, An Cnoc semble être devenu définitif… au moins pour les embouteillages officiels.
Jaune doré. Discret et délicat, il révèle peu à peu du fruité (pomme, prune jaune) puis un peu de floral (fleurs blanches). En bouche, attaque bien maltée, avec la rondeur caractéristique du Speyside et des fruits exotiques (banane ?). Et toujours de la douceur un peu poivrée sur la finale, tout en conservant son fruité avec des notes d’agrumes et une pointe caramélisée. Riche et surtout élégant.
« Plutôt maritime »
La plus septentrionale des distilleries écossaises (exception faite des Orcades) remonte à 1826, et doit son nom à sir Williams Pulteney, directeur de la Société des Pêches britanniques qui y construisit un port modèle en 1811. Tout en changeant plusieurs fois de propriétaires, la distillerie a surtout fourni les blenders, qui apprécient son malt autant pour ses notes salées (la mer n’est qu’à 20 km) que ses caractères fruités dus à l’emploi de fûts de xérès.
Jaune pâle. Nez assez doux, légèrement pâtissier, avec aussi des notes fruitées (pomme, agrumes). En bouche, se développe un caractère assez iodé, mais accompagnant aussi des céréales et une pointe épicée. Finale bien persistante, sèche et minérale, avec quelques notes salées. Un apéritif finalement plutôt maritime.
« Pour le xérès bien sûr »
Protégé du duc de Gordon (à l’origine de la loi de 1823 qui a mis fi n à la distillation clandestine), James Allardes et un groupe d’investisseurs fondent la distillerie en 1826, qui fut ravagée par un incendie onze plus tard, suite aux négligences de son propriétaire. Reconstruite, elle connut plusieurs propriétaires indépendants, puis Teacher’s, Allied Breweries et enfi n Pernod-Ricard, qui l’a revendu en 2008 à BenRiach, propriété d’un groupe d’investisseurs, qui ont relancé la production après des années de mise en sommeil et d’importants agrandissements depuis deux ans.
Ambré légèrement orangé. Nez marqué par les notes vineuses des xérès, que l’on retrouve dans le moelleux de la bouche. Mais il s’accompagne ensuite d’une certaine sècheresse boisée. Le corps est puissant et bien structuré. Le fruité vineux domine jusqu’à la finale, également sèche et boisée. Longue persistance sur le xérès.
« Sentez-vous la mer ? »
Proche de la mer dans le comté de Ross, le site de Balblair abrite une distillerie depuis le milieu du 18e siècle au moins. Les installations actuelles remontent à 1870, mais il existe encore des bâtiments beaucoup plus anciens, qui lui donne beaucoup de charme et de caractère. La tourbe de la région est particulière, sèche et très friable, et l’eau utilisée par la distillerie en est imprégnée. Depuis son rachat par Inver House, le malt est un peu moins rare sur le marché.
Jaune clair, voire pâle. Nez assez puissant pour un réduit, sur les fruits jaunes avec des notes de céréales. Attaque bien épicée et poivrée, avec aussi un peu de douceur crémeuse. Sec et plutôt apéritif, on peut aussi percevoir quelques notes boisées apportant de l’astringence. L’influence maritime apportant une fraîcheur mentholée se fait sentir sur la finale et même sur la persistance.
« Classique, indéniablement »
La plus réputée des dernières distilleries de la région du Kyntire, qui en a compté plus d’une trentaine. Springbank, qui appartient à la famille Mitchell depuis sa création en 1828, maintient presque à elle seule l’originalité du style somptueux et complexe des malts de Campbeltown, dont l’aptitude au vieillissement est particulièrement remarquable. Tout est fait ici sur place, du maltage à l’embouteillage, avec une double distillation et demie.
Jaune d’or. Nez autant végétal que fruité, avec une légère touche tourbée en arrière-plan. Attaque plutôt suave, mais la force épicée se manifeste rapidement. Structure harmonieuse mêlant le miel, la compote de pommes et une pointe de chocolat amer. La tourbe, surtout végétale, est à peine présente en fond de bouche, se manifestant davantage en persistance. Un classique, indéniablement, malgré son jeune âge.
« Quand la tourbe se marie au xérès »
Ouverte en 2005 sur Islay, cette distillerie entend renouer avec l’esprit des anciennes distilleries agricoles. Elle a donc été créée dans une ferme et utilise l’orge récoltée sur l’exploitation, qui est également maltée sur place. Malgré une production assez réduite, la distillerie qui s’est agrandie régulièrement jouit d’une belle réputation internationale, rendant ses malts plutôt rares.
Ambré foncé. Nez vineux, bien marqué par le xérès, sur les raisins secs avec une touche de vanille. D’abord fruitée (raisin, fruits secs), la bouche se développe ensuite sur un tourbé plutôt sec, sur un fond de cacao et d’épices. Finale gourmande réunissant la tourbe fumée et le fruité du xérès, avec une longue persistance tourbée.
« Maïs et xérès, un couple inédit »
Marque de l’embouteilleur indépendant britannique Atom, That Boutique-Y Whisky Company a notamment élaboré une gamme de trois single malt et d’un blended grain, baptisée Deer (le cerf), avec sur les étiquettes une tête de cerf évoluant selon l’âge de l’animal. Mais la cinquième référence représente un caribou, car il s’agit d’un whisky de maïs canadien, vieilli en fût de xérès oloroso.
Ambré aux reflets rouges. Nez bien aromatique, où le vineux du xérès se fait nettement sentir. Bouche onctueuse et puissante à la fois, bien épicée, avec du pruneau et des fruits secs. La douceur du maïs est bien relevée par le xérès, formant un couple certes inédit, mais très intéressant, avec une finale fruitée et sèche à la fois, et aussi assez boisée.
« Un apéritif bien épicé »
Construite en 1898, cette distillerie à l’ouest du Speyside, près de la ville de Forres, a rouvert exactement un siècle après, en 1998, 15 ans après sa mise en sommeil par DCL (United Distillers). Reprise par Gordon & MacPhail, elle a été complètement modernisée, y compris pour les alambics, d’une taille plus petite. C’est d’ailleurs l’une des plus petites distilleries du Speyside. Cas rare, toute la production est utilisée en single malt.
Jaune assez pâle. Nez herbacé et fruité (prune jaune), avec des notes poivrées. La bouche est puissante, assez épicée mais avec de la fraîcheur. Un peu de tourbe se fait sentir en arrière-plan. Finale bien relevée, très apéritive, avec une agréable persistance fruitée.
« L’âge de la sagesse »
Cette ancienne brasserie a été transformée en distillerie en 1897, avec l’autorisation d’accompagner son nom de la mention Glenlivet. Elle est située près d’Elgin, disposant de grandes quantités d’eau et d’orges réputées. Depuis son rachat par La Martiniquaise, en 2008, sa production a été fortement accrue pour alimenter les blends Label 5 et Glen Turner, tout en commercialisant des malts maturés en fûts variés.
Jaune doré. Nez malté, sur la confiture de fruits (pomme) et un peu de vanille. Attaque chaleureuse, voire un peu brûlante, sur un corps devenant plus sec et légèrement épicé. De la puissance maltée et fruitée en bouche, avec une finale légèrement épicée, mais toujours sèche, avec une certaine persistance fruitée. 18 ans, l’âge de la sagesse ?