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Springbank – Rundlets & Kilderkins

La preuve par le petit fût

La plus réputée des dernières distilleries de la région du Kyntire, qui en a compté plus d’une trentaine. Springbank, qui appartient à la famille Mitchell depuis sa création en 1828, maintient presqu’à elle seule l’originalité du style somptueux et complexe des malts de Campbeltown, dont l’aptitude au vieillissement est particulièrement remarquable. Tout est fait ici sur place, du maltage à l’embouteillage, avec une double distillation et demie. Cette version porte le nom d’anciens fûts (valant de 68 à 83 litres) utilisés jusqu’au 18ème siècle pour la bière et le vin.

Ambré doré. Nez concentré, avec du miel, des fruits secs (raisin de Corinthe) sur une dominante maltée et à peine tourbée. Attaque franche, sur le sec, puis se développe une grande richesse aromatique : fruits à chair blanche, malt, poivre gris, avec en arrière-plan la tourbe aromatique qui fait entendre sa petite musique. Le corps est puissant, concentré et très fondu. Finale longue, un peu tannique et toujours sur le sec. La preuve que les petits fûts accélèrent le vieillissement et donnent des malts d’un grand caractère.

Ledaig

L’autre façon d’être tourbe

La grande île de Mull n’abrite qu’une distillerie, au nord, dans le petit port de Tobermory. Ses premières traces remontent à 1795, lors de sa création par un négociant, John Sinclair. Son existence fut ensuite assez sporadique, avec notamment près de 40 ans de fermeture à partir des années 30. En outre, elle porta un temps le nom de Ledaig dans les années 70.

Depuis sa reprise par Burn Stewart, la production est redevenue régulière, avec deux déclinaisons : Tobermory et Ledaig, qui se distingue par son caractère tourbe. Les deux malts sont maintenant présentés dans une version officielle à 46°3, non filtrée à froid. Ambré léger. Au nez, se développe immédiatement un puissant caractère tourbe, à la fois végétal et fumé, mais peu phénolique. Après une attaque plutôt moelleuse, on retrouve très vite la tourbe, toujours végétale, mais accompagnée de légères notes poivrées. Beaucoup d’élégance et de finesse jusqu’à la finale, remarquablement persistante, qui témoigne combien la tourbe peut avoir de multiples aspects dans un malt.

Caol Ila

En pleine fougue…

Avec un nom qui signifie en gaélique “le détroit d’Islay”, un emplacement en face de l’ile de Jura, et une eau bien tourbée en provenance d’un loch “où souffle en permanence une brise aux effluves de bruyère et de myrte”, la distillerie a toujours eu de quoi intéresser les amateurs de malts puissants. Bien que fondée en 1846, Caol Ila a été complètement remaniée vers 1972 par United Distillers (Diageo aujourd’hui). Elégants et bien tourbés, ses malts sont aujourd’hui disponibles en de multiples versions.

Jaune d’or. Dès le premier nez, le tourbé caractéristique de la distillerie s’exprime avec une certaine suavité, accompagné de notes de céréales et de fruits mûrs. Après une attaque plutôt moelleuse, il s’exprime avec une grande puissance (surtout pour un réduit), où l’on retrouve la tourbe, certes, mais aussi d’intenses notes poivrées et épicées. Le corps est solide, vigoureux, et se poursuit sur une finale bien persistante. Toute la fougue de la jeunesse est au rendez-vous de ce grand classique.

Bruchladdich

Du grand art

Fondée en 1881, cette distillerie d’Islay (une des plus à l’ouest de toute l’Ecosse) fait face à Bow-more, de l’autre côté du Loch Indaal. Elle a produit les malts les moins tourbes et les plus légers de l’île. Une caractéristique sans doute due à ses quatre alambics au col particulièrement haut.

Après son rachat en 1995, elle a été mise en sommeil pendant plusieurs années, mais elle a repris depuis la distillation. Ce dix ans, le premier single malt directement élaboré par Jim Me Ewan, était très attendu : non tourbe, non filtré à froid, élaboré avec une fermentation lente et une distillation au goutte—goutte. Jaune doré. Nez délicat, légèrement miellé, avec des notes de plantes aromatiques (thym citronné, romarin) mais aussi un peu beurré. Bouche moelleuse, plutôt crémeuse, puis devient épicée et chaleureuse. Caramel au beurre, fruits secs, légèrement toasté.

Plutôt sec, il enrobe bien le palais, acquérant plus de vivacité sur la finale, avec même un caractère assez tannique. Remarquable persistance sur la séduction d’un malt qui renoue en les vivifiant les anciennes traditions de Bruichladdich. Du grand art tout en finesse.

Ardmore

Classique mais chaleureux

Située dans une vallée reculée à la limite du Speyside, cette distillerie centenaire (fondée en 1898) a longtemps servi à l’élaboration du blend Teacher’s. Malgré son importance – huit grands alambics chauffés au charbon – elle est encore méconnue, mais sa notoriété augmente depuis son acquisition par Jim Beam en 2005.

Jaune doré. Nez bien malté, chaleureux avec des Fût de manzanilla notes de miel et de cire d’abeille. Attaque vive, avec un corps assez enveloppant tout en étant plutôt sec. Bonne richesse aromatique, où l’on retrouve les notes du nez, avec une dominante plus marquée du caractère malté. Il devient un plus gras sur la finale, avec des notes poivrées d’une grande vivacité. Que du classique, mais avec une belle chaleur général.