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Port Charlotte PC8

Fruité, tourbé, épicé

C’est la quatrième édition du single malt Port Charlotte élaboré par Bruichladdich, avec huit ans de vieillissement du whisky distillé en 2001. C’est aussi la dernière, les stocks étant épuisés… 30 000 bouteilles sont commercialisées pour le monde entier, au degré naturel.

Jaune clair, tirant sur la pêche jaune. Le nez offre à la fois des notes maritimes iodées, un peu de tourbe végétale, des traces d’agrume et une pointe poivrée ! Le tout bien fondu, avec une vraie puissance. En bouche, c’est d’abord une belle suavité qui s’installe, mais bien vite la dominante tourbée prend le dessus, relevée qui plus est par un caractère bien épicé. Mais s’exhalent aussi des notes de pêche jaune, un peu d’agrumes et même de la mangue. Un vrai festival aromatique sans aucune lourdeur, où la tourbe ne cesse de jouer sa petite musique en arrière-plan. Avec Jim Mac Ewans, Port Charlotte est en train de devenir un des malts les plus étonnants d’Islay.

Old pulteney

Entre miel et mer

La plus septentrionale des distilleries écossaises (exception faite des Orcades) remonte à 1826, et doit son nom à sir Williams Pulteney, directeur de la Société des Pêches britanniques qui y construisit un port modèle en 1811. Tout en changeant plusieurs fois de propriétaires, la distillerie a surtout fourni les blenders, qui apprécient son malt autant pour ses notes salées (la mer n’est qu’à 20 km) que ses caractères fruités dus à l’emploi de fûts de xérès (manzanilla) qui lui donnent son style assez sec.

Nez sec, austère, un peu fumé, puis s’ouvrant sur le maritime (iode, goudron) avec une pointe herbacée. Bouche suave à l’attaque, puis devient plus épicée, tout en conservant un caractère miellé. Bien charpenté, il déroule lentement une grande puissance aromatique, où l’on retrouve la bruyère, le bois de santal, avec des notes de fruits cuits (pruneau). La finale retrouve le côté salé, un peu astringent. Très long en bouche, il met beaucoup de temps à se faire oublier.

Kilkerran II

Une jeune vigueur

Glengyle est la nouvelle distillerie de Campbeltown, installée entre 2000 et 2004 par la société Springbank à Campbeltown. Il s’agit de la renaissance d’un site qui a été en activité de 1872 à 1925, appartenant à un membre de la famille Mitchell. Le malt qui est élaboré à Glengyle porte le nom de Kilkerran (pour des raisons de propriété commerciale), qui fait référence au saint évangélisateur de la région.

Jaune clair. Nez fruité (poire Williams), foin séché, puis tourbe végétale après aération. Attaque plutôt sèche et épicée, puis on retrouve la dominante fruitée du nez (poire, pomme mûre), avec toujours l’accompagnement discret de la tourbe. Le poivre noir et les épices se font davantage sur la finale, très fringante. Très apéritive, cette deuxième version de Kilkerran est plus vigoureuse et incisive.

Glengoyne

Un robuste compagnon

Cette distillerie fondée en 1833 présente la particularité d’être géographiquement dans les Lowlands, mais d’avoir été rattachée aux Highlands depuis une trentaine d’années, car l’eau qu’elle utilise en provient directement. En outre, sa typicité n’a rien à voir avec les malts herbacés et floraux des Lowlands. Une des spécificités de la distillerie est d’utiliser différents xérès pour le vieillissement de ses malts. Par ailleurs, une distillation particulièrement lente (3 litres à la minute) donne une complexité spécifique au malt. Ambré clair.

Le nez, d’abord fermé, développe un chaleureux boisé à l’aération. Attaque assez souple, puis une puissance plus marquée se développe. Le caractère boisé, voire tannique, s’accompagne de notes de céréales et de pain de campagne bien cuit. Robuste, il évolue vers une finale plus épicée (poivre noir surtout) assez apéritive.

Glengoyne

Apéritif et bien malté

Cette distillerie fondée en 1833 présente la particularité d’être géographiquement dans les Lowlands, mais d’avoir été rattachée aux Highlands depuis une trentaine d’années, car l’eau qu’elle utilise en provient directement. En outre, sa typicité n’a rien à voir avec les malts herbacés et floraux des Lowlands. Une des spécificités de la distillerie est d’utiliser différents xérès pour le vieillissement de ses malts. Nichée dans une vallée boisée où la rivière Campsie tombe en cascade, c’est en outre une des plus jolies de la région, voire d’Ecosse, ce qui ne gâte rien…

Jaune doré. Nez fermé, peu expressif, plutôt céréalier à l’aération. Vif à l’attaque, il se développe sur le malt, avec du moelleux et de la rondeur, mais sans perdre son caractère sec. qui lui donne un caractère nettement apéritif, malgré quelques notes de miel de bruyère. Finale assez longue, surtout sur la puissance maltée.

Connemara Turf Mor

Le brut de fut, le plus tourbé d’Irlande

Poursuivant sa politique de séries limitées pour sa marque Connemara, la distillerie irlandaise Cooley vient de sortir une deuxième déclinaison, après celle caractérisée par une finition en fût de xérès. Seul single malt tourbe d’Irlande, Connemara est désormais connu dans le monde entier pour son style tourbe caractéristique.

Turf Mor, nom donné à cette série de 20 000 bou­teilles, est bien plus tourbe que la version initiale, car elle affiche un taux de phénol de 50 ppm, ce qui lui permet de rivaliser avec les écos­sais Ardberg ou Laphroaig, tout en étant le single malt irlandais le plus tourbe sur le marché. De plus, il a été embouteillé à son degré naturel (58,2 %) et sans filtration à froid. Sur l’étiquette comme sur l’étui, un feu de briquettes de tourbe brûlant dans un âtre traditionnel irlandais explicite sans conteste la spécificité de Turf Mor.

Jaune clair. Au nez, une tourbe végétale se développe progressive­ment, avec des notes herbacées, puis, à l’aération, le fumé devient prédominant, évoluant sur le goudron et le bitume. Attaque rive, très puissante, puis le fumé de la tourbe s’installe avec une belle inten­sité. Il s’accompagne de notes plus fruitées (pomme verte, marmelade d’orange) mais aussi herbacées (menthe fraîche). Le corps est imposant, crémeux, tapissant largement le palais. H évolue sur le poivré, mais aussi sur un citronné acidulé. Et on retrouve longuement la tourbe sur une très belle finale. Une riche puissance tourbée qui confirme le profil spécifique de Connemara.

Bruichladdich

Un Islay ? Vous êtes sûrs ?

Fondée en 1881, cette distillerie d’Islay fait face à Bowmore, de l’autre côté du Loch Indaal. Elle a produit les malts les moins tourbés et les plus légers de l’île. Une caractéristique sans doute due à ses quatre alambics au col particulièrement haut. Après son rachat en 1995, elle a été mise en sommeil pendant plusieurs années, mais elle a repris depuis la distillation. Entre des assemblages passionnants et de nouvelles façons de distiller, Jim Mc Ewan ne cesse d’étonner le monde du malt. Mais, le 23 juillet dernier, elle a été rachetée par le groupe français Rémy Cointreau, pour 73 millions d’euros…

Jaune doré. Nez malté, floral, avec des traces d’agrumes. Attaque puissante, presque brûlante (surtout pour un réduit…) puis se développe une belle ampleur, harmonieuse. Le caractère malté domine, mais bien accompagné de fines notes fruitées (fruits secs, poire jaune) mais aussi florales (fleurs blanches). Une dominante plus épicée vient relever la finale. Un malt très équilibré, mais qui, à l’aveugle, n’indiquerait pas du tout son origine d’Islay…