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Karuizawa

Guère différent d’un Speyside

Située dans une région montagneuse non loin du mont Fuji, Karuizawa est une des distilleries les plus méconnues du Japon, et certainement la plus petite. Dans cette région viticole réputée, ce sont d’ailleurs deux négociants en vin qui sont à l’origine de sa création, vers 1955, et longtemps, les blends puis les malts élaborés à Karuizawa étaient commercialisés sous la marque Sanraku Océan. Ils se caractérisent par l’emploi unique de la variété écossaise d’orge Golden Promise. Mais la distillation est en sommeil depuis bientôt dix ans (malgré quelques productions sporadiques), y compris après le rachat par Kirin en 2007.

Ambré clair. Nez d’abord fermé, puis s’ouvre lentement sur le fruité (pêche jaune), la cire d’abeille, et le caramel au beurre. Attaque vive, presque agressive, puis débouche sur un caractère plutôt moelleux, mais bien relevé par de belles notes épicées (poivre gris, gingembre). Finale avant tout sur le fruité (pomme jaune). Encore trop jeune pour s’épanouir vraiment, il ne se distingue guère d’un honnête Speyside. Un plus long vieillissement lui aurait sans doute davantage profité.

Hazelburn

Work in progress

Une ancienne distillerie de Campbeltown (1836-1925) a donné son nom à ce single malt distillé pour la première fois en 1996 par les Mitchell, toujours dans les mêmes alambics que Springbank et Lon-
grow. L’idée aurait été de refaire un malt comme dans les Lowlands, en utilisant un orge malté non tourbe, et en pratiquant une triple distillation, comme à Auchaentoshan.

Ambre rougeatre. Nez chaleureux et enveloppant, marmelade d’orange, petit pain à la cannelle, to-asté et beurré. Liqueur à l’orange, sucre de canne brun, mélasse, miel, figues et dattes émergent en complément lorsque les arômes se développent. En bouche, beurré, crémeux avec une crème fondante à l’orange et des biscuits au gingembre. Notes de miel, de piment et de noix du Brésil glacées. Doux et chaleureux. Un malt qui demande une longue aération dans le verre pour être au meilleur. La finale est épaisse et crémeuse, qui persiste longuement et de façon très plaisante.

Bowmore

Tourbé, mais bien apéritif

Distillerie vedette de l’île d’Islay, elle se prévaut notamment de son ancienneté, avec une fondation en 1779 qui en fait une des plus vieilles d’Ecosse. Pratiquant toujours le maltage d’une partie de ses orges, elle commercialise une des plus vastes gammes de single malts du marché émanants d’une seule distillerie, depuis le Legend (8 ans) jusqu’au mythique Black Bowmore (1964, 50 °) réservé à une élite… fortunée.

Ambré soutenu aux reflets acajou. Au nez, la tourbe s’installe rapidement, dans un ensemble plutôt végétal que vraiment fumé. En bouche, attaque assez piquante et vive. Puis le fruité (pruneau) rivalise avec la tourbe, dans un contexte bien épicé et poivré, mais qui conserve une belle fraîcheur. La finale évolue fortement sur l’astringence, développant ainsi un caractère avant tout apéritif… de façon un peu inattendue pour un malt de cet âge.

As We Get It

Si jeune et déjà bien tourbé

Sous cette dénomination originale («Comme nous l’avons trouvé»), Ian Mac Leod propose régulièrement l’embouteillage d’un fût unique (single cask) soutiré sans la moindre manipulation : pas de réduction, pas de filtrage à froid, pas de colorant. Pur et naturel, peut-on dire. Tout repose bien évidemment sur le talent et le savoir-faire du maître de chais pour sélectionner un fût intéressant, sans défaut et d’une réelle qualité. Cette fois, son choix s’est porté sur un fût en provenance d’une distillerie d’Islay.

D’une couleur jaune pâle, il développe immédiatement au nez une dominante tourbée, plutôt phénolique, mais sans excès, ainsi que quelques notes florales (fleurs blanches). En bouche, l’attaque tourbée prend vite une ampleur étonnante, appuyée par un caractère sec et presque astringent. La tourbe est dominante et très concentrée, ne laissant guère de place à d’autres arômes, à part un peu de poivre noir en arrière-plan. La permanence tourbée accompagne tout au long une très longue finale, remarquable pour un malt aussi jeune. Les amateurs des single malt tourbés d’Islay ne pourront qu’être aux anges… »