PARCOURS D’UN HOMME BIEN

Il y a quelques semaines nous étions à Marseille, et pendant quelques heures le restaurant des Arcenaulx fut le centre du Clan. Avec Gilles, nous en avions eu l’idée pour joindre et rencontrer nos amis du midi, et maintenir ce lien entre nos adhérents venant d’horizons divers, le Nord était présent, la Bretagne, la Suisse, Paris et l’Ile de France bien sûr.

Pendant cette Assemblée Générale nous faisions le bilan de l’année et de nos dix ans d’existence, au cours desquelles il fut toujours présent. Mais ce soir-là Gilles n’était pas là. Comme Cyrano manquant son rendez-vous avec Roxane, il manquait de force pour participer à ce rendez-vous.

En mai, courageux et opiniâtre, il voulut encore accompagner un groupe de cavistes au Etats-Unis, clients devenus pour beaucoup ses amis, dans un périple qu’il avait découvert deux ans auparavant, préparé minutieusement, et coaché avec un inimitable enthousiasme pour le Clan. Même épuisé cela avait du sens pour lui. Hospitalisé dès son retour, et quelques heures avant qu’il ne nous quitte, il vérifiait encore les moindres détails du voyage pour le festival d’Islay qu’il savait ne pas revoir. Que dire de plus. Au travers de ces derniers moments transparaissait les plus évidentes de ses qualités.

L’histoire du Clan des Grands Malts est indissociable de l’engagement de Gilles, il fut de nos toutes premières réunions où nous doutions de notre avenir. En se penchant sur le berceau du Clan, il voulait assurer son succès. Sa passion des voyages l’amenait tout naturellement à préparer les premiers séjours en Ecosse pour le Clan, n’étions-nous pas déjà en novembre 97 aux Orcades pour découvrir Scapa et Highland Park, ce voyage plein d’imprévus où nous mesurions déjà sa capacité d’adaptation, sa réactivité et son inépuisable bonne humeur qui nous laisse des souvenirs inoubliables.
Puis ce furent les différentes régions d’Ecosse, L’Irlande bien sûr, les Etats-Unis, le Japon, mais aussi le Portugal et la vallée du Douro, et encore l’Espagne et Jérès de la Frontera.
Sa passion du whisky l’amène ainsi à tisser un réseau inégalable de contacts dans les distilleries, transformant les voyages en expériences originales et atypiques, hors des sentiers battus. C’est ainsi qu’il voyait les choses.

Son exigence sur la qualité et le choix des produits maintenait une pression constante sur notre ami François-Xavier Dugas, pour le Clan il voulait du bon du rare et du précieux, et pourquoi pas dénicher de temps à autre au fond d’un chai « le fût » pour notre plaisir à tous.
Aimer ses amis, vivre ses passions, prendre des risques, c’était Gilles.
Personnalité riche, nous sommes honorés de l’avoir côtoyé, nous l’évoquerons souvent, il laisse une trace forte parmi nous.

Gérard TRENTESAUX