BONJOUR, AU FAIT QUOI DE NEUF ? LA DURE VIE D’UN AMATEUR…

Au secours, comment s’y retrouver !!

Au milieu du 19 ème siècle, les assemblages et les blends furent une vraie innovation, des produits stables et reconnaissables, s’éloignant souvent de distillats improbables, commercialisés par des visionnaires, parmi eux, Andrew Usher, créateur du Glenlivet, James Chivas, mais aussi John Walker, créateurs de whiskies éponymes, tout en permettant à l’Etat d’encore mieux réglementer les droits sur l’alcool, une taxation lucrative … Dans un passé encore récent, le problème restait relativement simple, les blends occupaient le paysage et les singles malts, embouteillés comme tels, restaient confidentiels .

Les Anglais de la Nobility et de la Gentry dégustaient leur whisky préféré dans de magnifiques carafes en cristal, avec des gestes immuables, sans se préoccuper de l’avenir de leur boisson, ni de préciser, la plupart du temps, ce qu’ils consommaient …

1987 : L’apparition des ‘’Classics Malts’’ au nombre de six, (sous la houlette d’ United Distillers) , bientôt onze (avec Diageo), font (re)découvrir un autre univers aux amateurs anonymes, les singles malts.

Petit à petit, la demande pour ces eaux de vie, plus authentiques, va s’amplifier, entrainant ouvertures et ré ouvertures de nombreuses distilleries, regroupements et cessions des acteurs du marché. Chaque année naissent de nouvelles distilleries en Ecosse, en France et partout ailleurs, toujours plus ‘’hightech’’, bien éloignées des anciennes distilleries ‘’de ferme’’, où l’on va produire de nouvelles finitions (parfois fantaisistes…), des double casks, des triple casks, proposer des millésimés ou des NAS, des first ou second release selon les stocks, pour tenir sa place dans un univers passionnant et mouvant, comme avec les traitements cosmétiques qui effacent le poids des ans… C’est maintenant, ‘’l’Empire du Malt’’.

Aussitôt goûtée, il faudra passer à la version suivante, au risque de s’y perdre.

Dans ‘’L’apprenti sorcier’’ de Paul Dukas, un sorcier amateur tente d’animer un balai pour qu’il effectue son travail à sa place : remplir une bassine d’eau avec des seaux. Ne contrôlant plus rien, il tente de le détruire à la hache, mais il se retrouve face à un deuxième balai, suivant le premier pour inonder la maison. Son maître arrive enfin et répare les dégâts provoqués par l’apprenti.

Quel rapport avec ce qui nous anime ? Heureusement le ‘’ Master Distiller’’ reste pour un temps l’arbitre des élégances, dans ce que nous appelons encore les ‘’singles malts’’ et la distillerie entièrement automatisée n’est pas encore pour demain. Dans la course en mer, le défi de chaque architecte, inventer la nouvelle carène, la nouvelle voilure, aller plus vite que ses concurrents et gagner la course. Mais il faudra toujours un skipper à bord ….

Slainte,                                                                                                          Gérard Trentesaux