Avec modération …

Aujourd’hui, il faut avoir un avis sur tout et le défendre. Notre esprit critique est sollicité en permanence et celui qui se garde de se prononcer « pour » ou « contre », que ce soit en matière de politique, religion, esthétique, musique, peinture ou autre, est souvent considéré comme un ignare, voire un imbécile qui ne s’intéresse pas à ce qui l’entoure, chacun sa musique…

Nous avons la chance de vivre dans une démocratie et chacun est libre d’exprimer son opinion, ce qui est une très bonne chose (chacun devrait d’ailleurs être tout aussi libre de ne pas avoir d’opinion sur tel ou tel sujet et de l’exprimer). Là où le bât blesse, c’est que nous exprimons parfois notre avis avec des mots très incisifs, voire blessants (même involontairement) .

J’en viens au vif du sujet. Lorsqu’un whisky nous plait, nous le disons et cela fait plaisir à celui qui l’a choisi, à celui qui l’a importé, à celui qui l’a élaboré. Bref, tout le monde est content.

Lorsqu’un whisky nous déplait, nous le disons aussi et nous avons bien raison.

Un simple « je n’aime pas ce whisky » ou « je le trouve banal » exprime une opinion personnelle parfaitement légitime. Mieux, nous pouvons argumenter nos propos : « Il manque de longueur », « Il manque d’arôme », « L’alcool, trop présent pour moi, agresse mes papilles » (cela rejoint souvent le manque d’arôme), « Il est trop boisé (ou tourbé ou…) pour moi », « Il est trop jeune »…

Chaque palais est unique et nous n’avons pas tous la même sensibilité aux arômes. De plus ce qui déplaît aux uns peut en ravir d’autres. Ceux qui étaient présents à la Fête du Malt 2016 se souviennent des explications passionnantes d’Olivier Fagnien sur la perception individuelle des goûts comme des couleurs.

La critique est non seulement permise mais fortement souhaitée et vivement encouragée au sein de notre club. Elle nous aide parfois dans le choix de la Sélection. En revanche, j’ai parfois entendu des propos très durs et pour le moins déplacés, pour dénigrer un whisky, voire toute une distillerie (que nous avions malheureusement pour elle visitée après une autre beaucoup plus prestigieuse) ou un embouteilleur.

Certes, il arrive qu’un produit ne soit pas à la hauteur de notre attente ou qu’il soit franchement désagréable au palais. N’oublions pas pour autant que derrière chaque bouteille, il y a des hommes qui l’ont élaboré (distillerie, blender, embouteilleur indépendant…) et ceux qui recherchent inlassablement de nouveaux produits à vous faire découvrir et qui mettent toute leur bonne volonté pour nous faire déguster leurs meilleurs produits pensant nous faire plaisir lors de nos visites.

Alors si certains essais ne sont pas transformés (pour reprendre le vocabulaire d’un sport très prisé des Ecossais), prenons le temps de choisir les mots et efforçons-nous de modérer nos propos. Diplomatie n’est pas forcément synonyme d’hypocrisie, et je pense sincèrement que la critique n’en sera que plus efficace.

Je vous souhaite un très bel été et d’excellentes dégustations.

Slainte,                                                                                                              Marie-Hélène Magnant