Un sport sans dopage !

Déjà les jeux de Rio s’éloignent, avec eux les dernières recettes de cocktails, anabolisants, EPO, hormones de croissance et autres, produits masquants et diurétiques, dont se régalent bon nombre de sportifs pour tenir la distance !
Pour nous, pratiquée été comme hiver, la dégustation reste un sport atypique qui nécessite certaines règles, une certaine forme d’entrainement permet de s’y sentir à l’aise, sans quoi le jeu de go parait une aimable plaisanterie ! A pratiquer seul mais le plus souvent à plusieurs, de préférence « indoor », sans âge requis au-delà de 18 ans, un certificat d’Edoniste utile sans être indispensable, et bien sûr, sport mixte où femmes et hommes sont au coude à coude et où les novices peuvent se mesurer aux meilleurs !
Première épreuve, déchiffrer les étiquettes : sans être éliminatoire cette épreuve permet d’avancer dans notre préparation, où sans repère il est souvent difficile de s’y retrouver. Entre les mentions légales, contenance, volume contenu, degré alcoolique selon les normes régionales, l’origine du produit… et certains avertissements à caractère moral (pictogramme sur les femmes enceintes…). Le reste comme dans une dictée de Prévert, est sous la responsabilité de la distillerie et de leur « desk » de marqueteurs. Vous pouvez repérer la distillerie, la région de production, le distributeur. Puis l’âge, ou l’année de distillation et d’embouteillage, mais attention aujourd’hui, la mode est au NAS, « No age statement ». La composition des assemblages reste secrète et évasive, mystérieuse dans ses composants et ses proportions, vous n’aurez droit qu’aux mentions blended, blended malt, single malt, et vous ne devinerez pas l’âge du capitaine, single cask, cask strength, le type de fût (ah ! le « double wood »), finition s’il en est une, etc… l’art du secret est difficile ! Puisqu’il s’agit avant tout de cela, d’abord exciter l’intérêt du quidam et de l’amateur !
Pour la seconde épreuve, vérifier son matériel. Une ambiance monacale n’est pas indispensable. Les verres doivent être secs, propres et transparents. Les classiques « tumblers » sont à éliminer d’emblée, réservés au whisky and soda , whisky sur glace ou aux orangeades. Sélectionnez plutôt la copita à Xeres, le verre INAO, le « spirit nosing glass » de nos amis Ecossais ou quelques créations dédiées intéressantes des verriers européens, avec formes et volumes variés. Comme chez tout sportif, l’eau est indispensable, à portée de main. Une eau inodore et sans saveur, (non gazeuse cela va de soi…) encore que sa qualité fasse débat sur le résultat final. Les eaux Ecossaises seraient un must, réputation proportionnelle à leur prix, mais Volvic soutient la comparaison. L’eau, mais quand ? N’oublions pas qu’elle est présente dans tous les stades de fabrication du whisky, eau de source et eau distillée. Alors, parfois nécessaire pour réduire la puissance alcoolique, le sujet reste entier, ouvrir et laisser s’exprimer les arômes, (munissez vous d’une paille ou d’une pipette) puis se « refaire » la bouche entre deux essais. Fermer le ban.
Puis vient le moment de vérité : pour le service comme au tennis on utilise les deux mains, puis le sport devient asymétrique comme au golf, avec un joli mouvement du coude et du poignet, où les participants vont s’affronter par leurs commentaires, quatre de leurs sens sont mis à l’épreuve, mais chacun garde son propre système d’analyse (l’ouïe est peu sollicitée, sauf peut être lorsque le breuvage s’écoule dans le verre…). L’aspect, la couleur, les reflets, puis le nez, le bouquet, les sensations, les arômes dilués ou non dilués, le toucher, sensations éphémères dans la bouche, enfin le goût, sucré, salé, acide, amer, un peu trop simple pour résumer l’équilibre, les saveurs, la longueur, et l’impression finale qui nous laisseront parfois l’impérissables souvenirs.
Alors bonne chance pour vos prochaines participations.

Slainte, Gérard TRENTESAUX