Springbank

Où ?

La ville de Campbeltown est située à l’extrémité de la péninsule de Kintyre, au sud de l’Ecosse. Fondée au début du 17ème siècle, son éloignement des grandes villes a sans doute incité les distillateurs à s’y installer, d’autant qu’ils profitaient de la proximité de la mer. Au cours du 19ème siècle, on y a compté près d’une trentaine de distilleries, ce qui a valu à la ville son surnom de “cité du whisky”. Mais la prohibition allait entraîner leur disparition : beaucoup ont fermé faute de clients (les Américains appréciant beaucoup les malts de Campbeltown), et les autres produisirent des whiskies bas de gamme pour les trafiquants, ruinant ainsi leur réputation. N’existent plus aujourd’hui que les distilleries Springbank, Glen Scotia et Glengyle.

Quand ?

En 1825, Archibald Mitchell possèdait une distillerie illégale, Riechlachen. Non loin de là, des parents à lui construisirent en 1828 à proximité la distillerie Springbank, qui devint propriété des Mitchell une dizaine d’années plus tard. Reconstruits en 1880, les bâtiments n’ont guère changés depuis. Les aires de maltage ont été rénovées il y a quelques années.

Qui ?

Cas rare en Ecosse (avec Glenfarclas et Glenfiddich), Springbank appartient toujours aux descendants des fondateurs, qui gardent jalousement leur indépendance. Les Mitchell ont fait l’acquisition en 1969 de Cadenhead’s, une société d’embouteillage plus que centenaire qui possède des stocks importants de malts et de rhums de grande qualité. Il y a deux ans, ils ont également acheté les bâtiments d’une autre distillerie, fermée depuis 1925, Glengyle, aujourd’hui en activité pour élaborer le single malt Kilkerran.

Comment ?

L’ancienneté de la distillerie explique le maintien de techniques d’élaboration abandonnées par beaucoup d’autres. Ainsi, l’orge provient de champs situés à proximité, le maltage est effectué sur aires dans la distillerie même, ainsi que l’embouteillage. Les cuves de brassage sont en fonte. Un des alambics, chauffé à la fois au fuel et à la vapeur, est équipé de chaînes de raclage (le “rummager”) qui évitent la formation de dépôts solides. Le processus de distillation est lui-même très particulier : le produit de la première distillation est à son tour distillé, mais va être ensuite mélangé en totalité avec une petite partie (20 %) de la nouvelle production du 1er alambic (le wash still). On n’en conservera que le coeur, le reste repartant en alambic. Ce n’est pas tout à fait la triple distillation, c’est pourquoi on dit que Springbank pratique la double distillation et demie…

Les malts ne sont pas filtrés à froid, et l’embouteillage, avec de l’eau locale pour les réduits, se fait sans ajouter de caramel.

Quoi ?

Disponibles à partir du 10 ans d’âge, les malts de Springbank se distinguent par leur étonnante richesse qui en fait un style vraiment à part dans l’univers écossais. De corpulence moyenne, ils sont marqués par la tourbe, mais sans ostentation, et un peu par le xérès, car une partie est vieillie en fûts de ce type. Mais on y trouve aussi des notes de céréales et d’herbes, et un caractère salé dû à l’ambiance maritime qui enveloppe les chais.

A partir de 20 ans d’âge, les Springbank développent une richesse aromatique de plus en plus étonnante et complexe, et ce sont sans doute les malts qui vieillissent le mieux. Peu agressifs, même en bruts de fûts, ils présentent au contraire un caractère rond et plein, avec une certaine onctuosité particulièrement savoureuse.

Il existe de nombreux embouteillages limités de Springbank, ainsi que des millésimés, mais en quantités souvent très réduites. La distillerie pratique également des finitions originales, utilisant ainsi le rhum, le marsala, le madère ainsi que des vins comme le Sauternes

Par ailleurs, des mêmes alambics sortent deux malts complètement différents, produits en quantités assez limitées. Longrow, distillé deux fois seulement, offre un caractère puissamment tourbé, mais plus sur le végétal que sur le phénolique. Hazelburn, pour sa part, est distillé trois fois, comme dans les Lowlands, mais sans aucune tourbe. Très fruité, c’est un malt particulièrement aromatique.

Les distilleries de A à Z